ASIE/OUZBÉKISTAN - Que signifie le sommet avec l'UE pour l'Asie centrale ?

mercredi, 21 mai 2025 géopolitique   politique internationale   diplomatie  

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par Cosimo Graziani

Samarcande (Agence Fides) - La récente rencontre entre les dirigeants de l'Union européenne et ceux des pays d'Asie centrale, qui s'est tenue à Samarcande le 4 avril, marque probablement un nouveau départ dans les relations entre les deux régions : il s'agit en effet de la première rencontre avec l'Union européenne qui suit le format « 5+1 », appliqué dans le passé lors des rencontres entre les pays d'Asie centrale et des nations individuelles telles que l'Allemagne, la France, la Chine, le Japon et la Russie.
Au cours du sommet, de nombreux thèmes d'intérêt commun ont été abordés : de la situation en Afghanistan au terrorisme, de la connectivité aux relations économiques, des droits de l'homme aux ressources critiques dont la région est riche. Les relations entre l'UE et les cinq anciens pays soviétiques ont été élevées au rang de partenariat stratégique, signe que Bruxelles souhaite maintenir des relations stables et solides à long terme. D'ailleurs, d'importants investissements sont prévus dans la région dans le cadre du Global Gateway, le plan européen d'infrastructures alternatif à l'initiative chinoise Belt and Road Initiative (BRI), ainsi que dans le secteur de l'extraction de matériaux critiques et de terres rares.
Le fait que l'Union européenne suive le format « 5+1 » témoigne de la volonté de Bruxelles de mettre tous les États sur un pied d'égalité afin de pouvoir jouer un rôle important face à ses concurrents internationaux.
Un accord bilatéral renforcé de partenariat et de coopération (ABPC) régit les relations juridiques et économiques avec le Kazakhstan et le Kirghizistan, mais aucun accord de ce type n'est en vigueur avec le Tadjikistan ni l'Ouzbékistan, et sa signature avec le Turkménistan n'est pas prévue pour le moment. Ces différences pénalisent les institutions européennes, qui, dans leur approche de la région, partent d'une position désavantageuse par rapport à des acteurs tels que la Chine et la Russie, qui ont également de leur côté des facteurs historiques, géographiques et démographiques de longue date leur permettant d'influencer la région.
Le processus en cours ne semble pas être une simple nouvelle version du « Grand Jeu », le « Grand Jeu » du XIXe siècle mis en œuvre par des puissances individuelles telles que la Russie et l'Angleterre dans la région d'Asie centrale, selon la comparaison avancée par ceux qui ont tendance à minimiser la politique internationale et la géopolitique de l'Asie centrale. Cette approche met l'accent sur les actions des puissances extérieures dans la région et sous-entend l'absence de stratégie de la part des États locaux. Si cette vision réductrice était déplacée dans les années 90, lorsque les intérêts des différents pays commençaient à peine à se dessiner, elle l'est encore plus aujourd'hui qu'ils sont bien définis : si une puissance extérieure souhaite interagir avec les acteurs régionaux, elle doit partir du principe que les gouvernements locaux sont prêts à faire moins de concessions et à défendre leurs intérêts avec plus de vigueur.
Le sommet du 4 avril a réaffirmé un phénomène important dans la politique de l'Asie centrale : celui de sa régionalisation. L'application du format « 5+1 » aux pays de la région signifie que leurs intérêts sont mis en commun et que les différents gouvernements se coordonnent entre eux pour prendre des décisions lorsqu'il s'agit de leurs relations extérieures.
Une nouvelle organisation régionale sur le modèle de l'ASEAN ou même de l'Union européenne pourrait-elle voir le jour à l'avenir ? Il est difficile de se prononcer à ce sujet. Une telle perspective impliquerait la création d'un marché commun et le partage de ressources telles que le pétrole, le gaz et les terres rares, qui représentent dans chaque pays l'une des principales, voire la principale source de revenus de l'économie nationale et qui sont sous le contrôle direct des gouvernements locaux. En outre, cela signifierait dépasser les modèles de développement économique des différents États, qui varient de l'ouverture aux investissements étrangers en Ouzbékistan à l'exploitation d'une seule ressource comme le gaz au Turkménistan. Certes, le fait le plus important est que certaines questions politiques sont perçues comme étant d'intérêt commun, ce qui laisse entrevoir une voie qui peut être empruntée. (Agence Fides 21/5/2025)


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