AFRIQUE/MAROC - L’Église, les peuples et les nations : le Maroc

lundi, 23 juillet 2007

Rome (Agence Fides) - Le Maroc s’étend sur une superficie de 458.730 km2 et a une population d’environ 33 millions d’habitants, dont environ 28 millions résident dans le territoire de l’archidiocèse de Rabat. Actuellement 44% de la population vit dans les zones rurales. Jusqu’à il y a trente ans le pourcentage de la population vivant à la campagne était de 70%. 30% des marocains ont moins de 15 ans et 60% moins de trente ans. Plus de deux millions ont émigré, notamment en Europe, pour des raisons de travail. Les groupes ethniques sont au nombre de 4 : berbères (divisés en plusieurs groupes), arabes, juifs et noirs.
Le Maroc est une monarchie constitutionnelle, démocratique et sociale de type théocratique. Il existe un parlement bicaméral : la Chambre des députés et la Chambre des conseillers. Le Premier ministre a été élu par le parti de la majorité.
Le Roi Mohammed VI, a le titre d’“Emir des croyants” dans le sens de “défenseur de l’Islam”. Le Souverain détient le pouvoir civil et religieux, contrôle les mosquées et l’enseignement des « Ouléma ». Depuis qu’il est monté sur le trône, le 30 juillet 1999, le roi Mohammed IV a accompli d’importants gestes d’ouverture : amnistie, concession de la liberté d’expression, et en particulier de la presse.
Du point de vue économique, il faut souligner que la forte composante rurale et agricole de l’économie du Royaume la rend particulièrement sensible aux fluctuations climatiques. La déforestation continuelle constitue une préoccupation. De grands travaux ont cependant été engagés, en particulier dans le domaine du tourisme. On travaille pour assurer la présence de plus de 10 millions de touristes en 2010.
La situation sociale n’est pas florissante : le taux de chômage est très élevé, les salaires sont insuffisants et la pauvreté augmente. De même la structure médicale est en difficultés, et tous ne peuvent pas accéder aux soins médicaux. Cependant un signe d’espérance est l’émergence d’une classe moyenne, qui prend peu à peu ses responsabilités.

La situation religieuse
L'Islam est un facteur de cohésion pour la population marocaine. La prière et l’enseignement du Coran sont obligatoires dans les écoles. Le Ramadan et les fêtes musulmanes sont fidèlement observés. Jusqu’à aujourd’hui le caractère tolérant des marocains et le contrôle rigoureux du pouvoir ont empêché l’extension de l’intégrisme musulman, qui prédomine dans ces pays où le laïcisme et le sécularisme ont supplanté la religion.
Même si dans le pays il existe une certaine tolérance religieuse, on ne peut toutefois pas passer de l’Islam à une autre religion, un chrétien ne peut épouser une musulmane sans devenir lui-même musulman, et c’est pour cette raison que certains chrétiens deviennent musulmans. Une chrétienne en revanche peut épouser un musulman sans changer de religion, mais les enfants doivent être éduqués selon les préceptes de la religion islamique.
Les courants idéologiques se manifestent à travers les partis politiques : l’« Istiqla » soutient le réformisme orthodoxe, tandis que l’Union socialiste des Forces populaires s’inspire de l’humanisme socialiste et laïc de type français ; le Parti pour le progrès et le socialisme est considéré comme un parti communiste, mais on se limite à parler de « socialisme scientifique ».
Les mosquées sont nombreuses. Les écoles coraniques sont en déclin, mais le jeune souverain a déclaré une centaine de mosquées comme lieux d’instruction islamique.
Les chrétiens non catholiques sont une petite minorité, ils sont pour la plupart étrangers et entretiennent de bonnes relations avec les catholiques : il existe des communautés évangéliques et anglicanes, et des communautés des Églises orthodoxe russe et orthodoxe grecque. Les juifs sont environ 200.000.
Le christianisme pénètre au Maroc dès le IIe siècle. En 1121 s’achève le processus d’islamisation. En 1220 plusieurs franciscains sont tués.
En 1985 le Serviteur de Dieu le pape Jean-Paul II, en visite au Maroc, reçoit tous les honneurs dus à un chef d’état.
Au Maroc, contrairement à de nombreux pays musulmans, l’Eglise jouit d’un statut spécial accordé par le "Dahir Royal" du roi Hassan II, en 1983, qui lui permet d’exercer publiquement et librement ses activités, en particulier celles relatives au culte, au magistère, à la juridiction interne, à la bienfaisance et à l’enseignement de religieux de ses membres. La liberté de culte est donc reconnue, mais non celle de conscience et de religion ; par conséquent c’est un crime de catéchiser un musulman ou de l’accueillir dans la communauté chrétienne.
L’Eglise catholique au Maroc est un petit troupeau. Le contexte socioculturel et politique du Maroc crée un conditionnement très différent des autres pays du Maghreb. La présence de l’Eglise est active dans les écoles catholiques et dans les hôpitaux de l’Église. Cependant nombreuses sont aussi les religieuses qui travaillent dans les hôpitaux de l’État.
Il n’existe pas de structure au niveau national de l’épiscopat catholique. La Conférence épiscopale régionale du Nord de l’Afrique (CERNA) qui regroupe l’Algérie, la Tunisie, la Libye et le Maroc, agit comme une Conférence nationale.
La CERNA, qui a son siège à Alger, dépend de la Congrégation pour les Évêques, tandis que les deux diocèses du Maroc et la Préfecture apostolique du Sahara occidental dépendent de la Congrégation pour l’Évangélisation des peuples.
La hiérarchie est composée de deux archevêques. L’archevêque de Tanger, Son Exc. Mgr Santiago A. Martínez, est religieux (OFM) et de nationalité espagnole, tandis que celui de Rabat, Son Exc. Mgr Vincent Landel, lui aussi religieux (SCI) est français.

La situation de l’Église
L’Église jouit depuis toujours de sympathie au Maroc, grâce à la bonté des Franciscains et au travail d’abnégation des religieuses. La conduite prudente de l’Eglise pendant l’indépendance, la visite du Saint-Père et l’attitude du Saint-Siège pendant la crise du Golfe, ont favorisé la confirmation de cette sympathie. La diversité culturelle des fidèles au Maroc est certainement une difficulté, mais est aussi un avantage car elle permet de témoigner de la catholicité de l’Eglise qui unit sans être totalitaire, respectant l’identité culturelle de chaque personne. Au Maroc il y a seulement deux archidiocèses, immédiatement sujets du Saint-Siège : Rabat et Tanger.

L’archidiocèse de Rabat a été érigé en 1955. Il a une superficie de 400.000 km2 et une population de plus de 28 millions d’habitants. Depuis 2001 c’est Son Exc. Mgr Vincent Landel, SCI, d’origine française, qui en est l’ordinaire. Né au Maroc en 1941, ordonné prêtre en 1969, évêque coadjuteur en 2000, il succède à son prédécesseur le 5 mai 2001. Les catholiques sont environ 25.000, tous étrangers, venant de 90 pays. Ils sont éparpillés en une vingtaine de communautés dispersées dans le royaume, en particulier dans les 19 cités universitaires qui accueillent les étudiants subsahariens. Les étudiants catholiques sont plus de 1.000. La plupart des fidèles restent dans le pays le temps que dure leur contrat de travail.
L’archidiocèse, pour faciliter le travail pastoral, est divisé en 4 régions. Dans l’archidiocèse il y a 3 monastères de vie contemplative, un masculin (Trappistes) à Fez, où l’on cherche à reconstruire la communauté trappiste de Notre-Dame de l’Atlas (qui est la suite de Tibhirine), et deux féminins (Clarisses et Melchites de rite oriental). Parmi les Fidei Donum, la plupart français, il y a aussi des prêtres du Bénin et du Cameroun.
Ces dernières années deux congrégations religieuses féminines ont quitté le pays. La Congrégation des Filles du Cœur Immaculée de Marie du Mali est arrivée, et une autre congrégation est sur le point d’arriver, provenant de l’Afrique subsaharienne. Les religieuses exercent un apostolat entre autres parmi les plus pauvres et les filles mères, à Tanger et Casablanca. Elles sont réunies en un « Conseil des religieuses ».
Dans une Eglise comme celle du Maroc où les chrétiens sont peu nombreux et d’origine étrangère, la présence des religieuses est très importante : elles aident les chrétiens à valoriser leurs rencontres par la prière et la réflexion, soutiennent ou créent des lieux de rencontre et de dialogue dans les quartiers pauvres et dans la campagne.
Du point de vue pastoral un effort a été fait pour apporter un soutien spirituel et apostolique aux fidèles pratiquants. La pastorale diocésaine implique tous les fidèles, et pas seulement les prêtres et les religieux. C’est principalement une pastorale de présence, qui s’articule en 8 points : accompagnement de la communauté chrétienne, présence dans le dialogue interreligieux, présence auprès des étudiants transsahariens, présence auprès des migrants, présence auprès des couples islamo-chrétiens, présence dans le monde du tourisme et liens avec les autres Eglises et confessions. La pastorale s’exerce à travers l’instruction catéchétique, la vie liturgique, l’approfondissement de la foi et la prise de conscience de la réalité arabo-musulmane.
Une grande attention est donnée à la présence des étudiants sub-sahariens, dont environ un millier fréquente l’Église catholique. Ils vivent en 19 cités universitaires et beaucoup vivent dans des situations précaires du point de vue matériel et affectif. Un Colloque sur le problème des étudiants a été organisé en 2002 à Rabat avec la participation des Eglises du Nord et du Sud du Sahara. La rencontre a été très fructueuse.
Par manque de personnel, des œuvres éducatives et d’assistance ont été abandonnées, et sont maintenant confiées aux musulmans. Il y a trois défis : le défi de la vie de communion, le défi d’avoir confiance dans l’avenir, et celui de faire un pont entre l’Afrique et l’Europe.
L’archidiocèse de Tanger, érigé en 1956, a une superficie de 30.000 km2 et une population de 4.500.000 habitants. Depuis 2007 l’Ordinaire est Son Exc. Mgr Santiago Agrelo Martinez, OFM, espagnol, 64 ans, né le 20 juin 1942. Il n’est pas encore consacré. L’ordinaire émérite est Son Exc. Mgr José Antonio Peteiro Freire, OFM, né en Espagne en 1936, ordonné évêque en 1983, qui pour des raisons de santé a renoncé au gouvernement pastoral en 2004. Pendant ce temps c’est le R.P. José Seijas Torres qui a été nommé comme administrateur apostolique.

L’archidiocèse de Tanger présente les mêmes caractéristiques que celui de Rabat. L’œcuménisme est l’une des préoccupations du diocèse, notamment dans la ville de Tanger, où existent des communautés anglicanes, évangéliques et baptistes, avec lesquelles l’Eglise catholique a de bonnes relations. On programme ensemble la « Semaine de l’unité » et on maintient l’habitude de se réunir le 31 décembre pour la prière et l’échange de vœux de paix pour la nouvelle année. On collabore avec la communauté évangélique dans le domaine social.
Après la visite du Saint-Père à Casablanca, une nouvelle étape a commencé dans les rapports de l’Eglise diocésaine avec les musulmans : du côté des chrétiens : par exemple ils ont maintenant une vision plus objective de la réalité, un effort a été fait pour dépasser les préjugés et les ressentiments et obtenir une plus grande connaissance entre les deux religions.
La principale forme de dialogue islamo-chrétien est se fait par des relations d’amitié et de collaboration, ainsi que par la collaboration avec différentes ONG du Maroc. De 1996 à 1998 a eu lieu le Synode diocésain avec deux Assemblées générales. Il existe aussi un projet de construction d’un centre oncologique de la part de l’Association nationale de secours pour les missionnaires italiens (ANSMI).
Le nombre des catholiques diminue, de même que celui du personnel religieux, tandis que le nombre de musulmans augmente. On remarque une certaine « euphorie islamique », les constructions de mosquées augmentent, et on note un retour aux pratiques et coutumes d’autrefois, ainsi qu’une méfiance envers tout ce qui est européen et occidental. (L.M.) (Agence Fides 23/7/2007 lignes 147 mots 1.770)


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