Harare (Agence Fides) – Les pressions exercées par des juristes, des avocats et des membres de la société civile ont conduit à l’annulation de l’ordonnance qui imposait aux magistrats du Zimbabwe de participer à une série de sessions de formation à la Herbert Chitepo School of Ideology de la Zimbabwe African National Union – Patriotic Front (ZANU-PF), le parti au pouvoir.
Selon un décret gouvernemental, les sessions de formation, qui devaient se tenir les 4 et 5 juillet, auraient dû être animées par Fulton Mangwanya, chef de l'Organisation centrale du renseignement, Martin Rushwaya, secrétaire en chef du cabinet du président Emmerson Mnangagwa, ainsi que par Ishmael Mada, directeur de l'école idéologique du parti.
L'obligation de participer à un séminaire organisé à l'école du parti au pouvoir, qui plus est avec l'intervention du chef des services secrets, avait suscité une profonde inquiétude dans le pays, craignant une érosion de l'indépendance de la magistrature et sa politisation.
Parmi les organismes qui sont intervenus pour contester cette ordonnance figure l'Association des avocats catholiques du Zimbabwe (Catholic Lawyers Association of Zimbabwe) qui, dans un communiqué publié hier, 2 juillet, exprime « sa profonde préoccupation quant à l'opportunité de cette soi-disant formation, qui semble étrangère aux principes juridiques contemporains bien établis au Zimbabwe et dans les autres pays de la région ».
La déclaration affirme « condamner la politisation de la formation des juges » et invite « toutes les branches du gouvernement à respecter le principe de la séparation des pouvoirs et de l'État de droit, consacrés par la loi suprême du pays ». L'organisme des avocats catholiques rappelle les articles de la Constitution qui stipulent que « l'indépendance de la magistrature n'est pas une fantaisie esthétique, mais un principe profondément enraciné qui est au cœur du système judiciaire du Zimbabwe ».
« Soumettre les juges, qui doivent toujours être indépendants et apparaître comme tels, à l'idéologie d'un parti à l'exclusion des autres compromet non seulement la magistrature, mais porte également atteinte à son indépendance et à son impartialité », poursuit la déclaration. « Nous constatons que tout cela se produit à un moment où la confiance de la population dans la magistrature est faible, en raison de la perception largement répandue qu'elle est sous le contrôle de l'exécutif ».
À ce propos, hier, le tribunal de Harare a ordonné l'arrestation de Faith Zaba, directeur du Zimbabwe Independent, pour avoir publié un article très critique à l'égard du président. « Quand on devient un État mafieux » est le titre de l'article dont le contenu a été qualifié par le procureur Takudzwa Jambawu de « matériellement faux et conçu pour susciter l'hostilité envers le président parmi les citoyens du Zimbabwe ». (LM) (Agence Fides 3/7/2025)