ASIE/MYANMAR - Un missionnaire : « Les déplacés vivent au jour le jour, en se confiant à la Providence »

samedi, 20 décembre 2025 eglises locales   conflits   zones de crise   réfugiés  

Mandalay (Agence Fides) – Après le tremblement de terre et des années de déplacements dus au conflit civil, « la vie des gens ordinaires n'offre pas de grandes perspectives. Il reste la foi. Et celle-ci aide à aller de l'avant chaque jour, à ne pas perdre espoir. Mais on avance à petits pas, jour après jour, en faisant confiance à la Providence et à ce que le Seigneur nous donne à chaque instant, sans trop regarder vers l'avenir », déclare à l'Agence Fides le père Bruno Delorme, missionnaire des Missions étrangères de Paris (MEP) au Myanmar. Dans la paroisse Notre-Dame-du-Rosaire, à Mandalay, où le missionnaire exerce son ministère pastoral aux côtés du curé local, plus de 650 personnes déplacées à l'intérieur du pays sont accueillies de manière permanente. Elles vivent le temps de l'Avent en se préparant à Noël et en essayant d'accueillir la grâce du Dieu-avec-nous. « Les déplacés étaient déjà avec nous avant le tremblement de terre de mars dernier ; ils se sont réfugiés dans le complexe paroissial en raison de l'insécurité et des tensions politiques et sociales existantes », se souvient-il. « Puis le tremblement de terre est venu aggraver les souffrances », note-t-il. « Ce fut une expérience traumatisante : maisons, routes, ponts détruits. À Mandalay, les gens essaient maintenant de reconstruire, mais ils ont besoin d'argent et de main-d'œuvre qualifiée », poursuit-il. « En attendant, l'inflation est très élevée, les produits de première nécessité manquent et coûtent très cher, la vie quotidienne est très difficile pour les gens », dit-il.
Dans la paroisse, raconte le missionnaire, « nous essayons d'apporter un réconfort matériel et spirituel : chaque jour, nous nourrissons et prenons soin des personnes déplacées, grâce à la solidarité de nombreuses personnes. Nous avons construit des abris temporaires pour les familles. Les gens vivent dans la détresse et l'affliction, mais continuent à espérer un avenir meilleur pour leur vie et pour leur pays. Les élections annoncées par la junte militaire auront lieu : nous verrons ce que l'avenir nous réserve », note-t-il.
Parmi les réfugiés, « il y a 130 enfants. Nous avons créé pour eux une petite école informelle. Il n'y a pas de jeunes car, en raison du service militaire obligatoire, ils ont fui, certains même en Thaïlande », rapporte-t-il.
Au Myanmar, ravagé par près de cinq ans de guerre civile (qui a débuté après le coup d'État du 1er février 2021), les communautés chrétiennes vivent aux côtés de l'ensemble de la population la grave situation humanitaire liée au conflit en cours, qui a fait 3,5 millions de déplacés internes.
Entre-temps, la junte militaire a annoncé des élections dans un pays divisé entre les zones contrôlées par la junte et celles contrôlées par les groupes de résistance. Le vote est prévu en deux phases distinctes : la première phase le 28 décembre, la seconde le 11 janvier, mais il ne concernera que les citoyens résidant dans les zones contrôlées par la junte, tandis que le parti de la Ligue nationale pour la démocratie, qui avait remporté les élections avant le coup d'État, ne sera pas présent.
Entre-temps, la pression exercée par l'armée birmane sur les groupes de résistance armés s'est intensifiée : au cours des dernières semaines, les militaires ont multiplié les offensives et les bombardements. Un hôpital en a fait les frais, touché le 10 décembre à Mrauk-U, dans l'État de Rakhine.
Le 10 décembre, l'Autrichien Volker Türk, Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, a demandé : « Comment peut-on affirmer que ces élections seront « libres et équitables », et comment peuvent-elles avoir lieu alors qu'une partie considérable du pays échappe à tout contrôle et que l'armée réprime sa propre population depuis des années ? »
(PA) (Agence Fides 18/12/2025)


Partager: