AFRIQUE/R.D. CONGO- La question foncière : un facteur décisif et souvent négligé dans les guerres de l'est de la République démocratique du Congo

mercredi, 24 avril 2024

Wikipedia

Kinshasa (Agence Fides) - La guerre au Nord-Kivu impliquant le M23 est perçue par les Congolais comme une guerre d'agression perpétrée par le Rwanda voisin à l'aide de ce groupe armé.
Le M23 - rappelons-le - après sa défaite en 2013 avait entamé des pourparlers avec le gouvernement congolais, sous la médiation de l'Ouganda, qui ont abouti aux accords de Nairobi du 12 novembre 2013. Alléguant le non-respect des accords, le M23 a ensuite repris les hostilités en 2021.
Si les différents acteurs du conflit dans l'est de la République démocratique du Congo se disputent le contrôle des ressources minérales locales, les facteurs ethniques et fonciers sont également à l'origine de l'instabilité de la région. Il ne s'agit pas seulement de conflits entre différentes communautés pour le contrôle de pâturages ou de terres agricoles.
Il existe des conflits fonciers entre les agriculteurs et les grands concessionnaires, entre les communautés rurales et les sociétés minières, entre les éleveurs de bétail et les agriculteurs, et entre les parcs nationaux (par exemple, le parc national des Virunga) et les habitants de la région.
L'accès à la terre, et en particulier aux terres arables, est donc une source de conflit entre les différents groupes ethniques, notamment dans le territoire de Masisi, où les Hutus et les Tutsis sont considérés comme des immigrés et où leur accès à la terre est contesté par les communautés qui se considèrent comme autochtones.
L'accès au pouvoir est essentiel pour obtenir et conserver un territoire. En effet, la jouissance de la terre est réglementée à la fois par le droit écrit et par le droit coutumier. Pour le droit écrit, il existe des autorités politico-administratives qui ont le pouvoir d'octroyer des terres et d'autres qui octroient des titres fonciers au nom de l'Etat. En ce qui concerne le droit coutumier, le chef coutumier est considéré comme le gardien de la terre qui peut en accorder la jouissance à ses administrateurs moyennant le paiement de redevances variables selon les coutumes. Ce double registre, étatique et coutumier, génère une confusion supplémentaire et, dans ce dernier cas, peut créer une discrimination sur la base de l'appartenance ethnique. Le chef de communauté est généralement plus enclin à favoriser ceux qui appartiennent à sa communauté au détriment de ceux qui n'y appartiennent pas.
L'arrivée des miliciens du M23 sur un territoire donné perturbe ce système d'enregistrement des terres. Les rebelles chassent à la fois les agents de l'Etat et les chefs locaux qui, souvent, en raison des déplacements forcés de populations, se retrouvent sans personne sur qui exercer leur autorité. Dans certaines autres situations, les chefs traditionnels sont contraints de coexister avec le M23. Une autre stratégie de la guérilla est de déstabiliser le règne d'un chef coutumier en créant et en alimentant des conflits traditionnels dans les zones occupées.
Depuis avril 2022, le M23 a commencé à mettre progressivement en place une administration parallèle. Le mouvement nomme des personnes à la tête des organes qu'il contrôle sur la base de considérations ethniques ou encore sur la base de liens avec le M23 ou des groupes qui lui sont affiliés. (LM) (Agence Fides 24/4/2024)


Partager: