AFRIQUE/R.D.CONGO - "La situation à Goma est grave. Nous craignons une insécurité généralisée dans l'Est de la RDC", déclare le Cardinal Ambongo

jeudi, 18 avril 2024 cardinaux   groupes armés   violence   eglises locales  

Kinshasa (Agence Fides) - "La situation à Goma et dans ses environs s'aggrave de jour en jour", a déclaré à l'Agence Fides le cardinal Fridolin Ambongo Besungu, archevêque métropolitain de Kinshasa, en référence à la capitale du Nord-Kivu, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), où, depuis 2021, la guérilla du M23 a repris les armes, conquérant plusieurs localités.
Le M23 continue de conquérir des territoires alors que l'armée congolaise est dans une situation de confusion totale", déclare le Cardinal. Ce que nous craignons le plus, c'est le risque d'insécurité généralisée d'abord à Goma et plus généralement dans tout l'Est du pays". Il y a plusieurs groupes armés, comme le Wazalendo, "et c'est la population qui en paie les conséquences, avec le risque d'insécurité généralisée", souligne le cardinal Ambongo.
Le terme "Wazalendo" ("patriotes" en swahili) désigne un ensemble de groupes qui ont pris les armes pour défendre la population contre le M23. Son inspirateur Éphraïm Bisimwa, leader d'une secte messianique locale, a cependant été condamné à mort en octobre dernier pour les graves incidents du 30 août 2023 contre la présence des Casques bleus de la MONUSCO (Mission de l'ONU en RDC) à Goma, qui ont causé la mort de plus de 50 personnes.
"Avec l'arrestation et la condamnation à mort de l'inspirateur du Wazalendo, il est devenu clair que ce groupe n'est pas homogène ; même certains de ses membres sont passés dans les rangs du M23. Il est difficile de contrôler ces groupes armés qui se réfèrent à de nombreux chefs", déclare le cardinal Ambongo.
"Les groupes armés finissent par devenir un danger pour la population, en s'attaquant aux citoyens, en commettant des vols et des meurtres, et en se lançant dans le commerce illégal des minéraux extraits des mines artisanales de la région."Les évêques de la province ecclésiastique de Bukavu ont fait une analyse très lucide de la réalité vécue dans l'est de la RDC ", a poursuivi le Cardinal, se référant à la note pastorale publiée à la mi-avril (voir Fides 17/4/2024).
"Les évêques de la province ecclésiastique de Bukavu ont fait une analyse très lucide de la réalité vécue dans l'est de la RDC ", poursuit le Cardinal, se référant à la note pastorale publiée à la mi-avril (voir Fides 17/4/2024). "L'Église elle-même se trouve dans une situation dangereuse dans cette région", souligne-t-il. "C'est pourquoi les évêques de la province de Bukavu, comme nous tous au niveau national de la CENCO (Conférence épiscopale nationale congolaise), ont fait le choix d'accompagner la population en ce moment difficile. Le sens de notre sollicitude pastorale à l'égard d'un peuple qui souffre est de se demander "comment pouvons-nous montrer un peu de l'amour et de la miséricorde de Dieu" à ce peuple qui souffre. C'est ce que l'Eglise essaie de faire, mais ce n'est pas toujours facile", conclut-il. (LM) (Agence Fides 18/4/2024)


Partager: