AFRIQUE/SOUDAN - Une année de guerre civile qui ne semble pas vouloir s'arrêter

lundi, 15 avril 2024 guerres   crimes de guerre  

Khartoum (Agence Fides) - 16.000 morts et plus de 8 millions de personnes déplacées et réfugiées, la plus grave crise de déplacement au monde. Ces chiffres brutaux résument la tragédie humanitaire de la guerre oubliée du Soudan qui a éclaté il y a un an, le 15 avril 2023, lorsque, après des mois de tension, l'armée régulière (SAF, 300.000 hommes) dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan et les milices paramilitaires des Forces de Soutien Rapide (RSF, environ 100.000 hommes) de Mohamed Hamdan "Hemedti" Dagalo sont entrées en conflit (voir Fides 17/4/2023).
Les désaccords portaient sur l'intégration des FAR dans l'armée nationale, en particulier sur le calendrier de l'intégration et sur la structure de commandement et de contrôle. Le conflit qui a débuté dans la capitale, Khartoum, s'est rapidement étendu au Darfour, bastion des FAR, puis à la quasi-totalité du pays. Au Darfour, la guerre a immédiatement pris une dimension ethnique, mettant à jour des blessures non cicatrisées du précédent conflit remontant au début des années 2000. Les FAR sont issues des fameuses milices arabes Janjaweed utilisées par le précédent régime, celui d'Omar al Bashir, pour réprimer les populations non arabes de cette vaste région de l'ouest du Soudan. Aux deux factions belligérantes, SAF et RSF, se sont ensuite ajoutés les différents groupes armés déjà présents au Soudan, qui ont rejoint l'un ou l'autre camp (voir Fides 21/11/2023).
La guerre a dévasté l'agriculture du pays, si bien qu'aux chiffres ci-dessus, il faut ajouter les 5 millions de personnes menacées de famine et les 18 millions de personnes confrontées à une grave crise alimentaire.
Et la nourriture est devenue une arme : les deux factions belligérantes empêchent la circulation des convois chargés d'aide alimentaire envoyés par les agences humanitaires dans les zones contrôlées par l'adversaire.
Les allégations de violations flagrantes des droits de l'homme par l'armée et les miliciens continuent de s'accumuler, notamment les violences sexuelles, la torture et les exécutions sommaires.
Les deux factions ne semblent pas vouloir s'asseoir à la table des négociations, car elles pensent toutes deux pouvoir remporter le conflit. Le soutien extérieur dont bénéficient les deux chefs rivaux pourrait également peser sur leurs calculs. La RSF est soutenue par des mercenaires russes de l'ex-Wagner, par les Émirats arabes unis, qui envoient de l'aide via la République centrafricaine, le Tchad et la Cyrénaïque libyenne. L'armée régulière est soutenue par l'Égypte, la Turquie et l'Iran (des drones iraniens ont récemment été utilisés pour frapper les RSF), tandis que les forces spéciales ukrainiennes diffusent occasionnellement des vidéos dans lesquelles on les voit frapper des mercenaires russes soutenant les RSF. Sur le théâtre de la guerre soudanaise, au milieu d'une tragédie humanitaire sans fin, d'étranges mélanges se créent. (LM) (Agence Fides 15/4/2024)


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