EUROPE/RUSSIE - Document de la Commission synodale biblico-théologique du Patriarcat de Moscou en réponse à la déclaration "Fiducia supplicans"

Moscou (Agence Fides) - Le 25 mars, le site officiel du Patriarcat de Moscou a publié un document intitulé " Sur l'attitude orthodoxe face à la nouvelle pratique de bénédiction des "couples en situation irrégulière et des couples de même sexe" dans l'Église catholique romaine ". Le texte, rédigé sur instruction du Patriarche Kirill par la Commission synodale biblico-théologique, présidée par Ilarion (Alfeev), Métropolite de Budapest et de Hongrie, présente quelques considérations en réponse à la déclaration Fiducia supplicans, publiée par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi le 18 décembre 2023.
"Les idées exprimées dans la déclaration "Fiducia supplicans" représentent un écart significatif par rapport à l'enseignement moral chrétien et nécessitent une analyse théologique", peut-on lire dans l'introduction du document de la Commission synodale. La première partie du texte, intitulée "Sur le sens "classique" et "étendu" de la bénédiction dans ce document", partant des considérations contenues dans les paragraphes 12 et 13 de Fiducia supplicans, affirme : "L'amour de Dieu pour l'homme ne peut pas être la base de la bénédiction des couples qui cohabitent dans le péché. Dieu aime l'homme, mais il l'appelle aussi à la perfection : "Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait" (Matthieu 5, 48). L'amour de Dieu pour l'homme l'appelle à se détourner du péché qui détruit sa vie. Par conséquent, la sollicitude pastorale doit combiner harmonieusement l'indication claire de l'inadmissibilité d'un style de vie pécheur et l'amour qui conduit à la repentance". Et plus loin : "La déclaration ne dit rien sur la lutte contre le péché, le renoncement à des styles de vie pécheurs ou l'assistance pastorale au croyant pour vaincre le péché. Le texte de la déclaration est formulé de telle manière que l'on peut en déduire qu'un mode de vie pécheur n'est pas un obstacle à la communion avec Dieu. La déclaration (Fiducia supplicans, n.d.A.) est totalement silencieuse sur le sacrement de pénitence en tant que source nécessaire de la grâce divine pour tous ceux qui souhaitent corriger tout ce qui, dans leur vie, n'est pas conforme à la volonté de Dieu". En outre, la Commission note que dans le document en question, l'expression "couples de même sexe" apparaît distinctement de l'expression "couples irréguliers", sans que cette dernière soit définie dans le texte.
La deuxième partie du texte publié par la Commission synodale, intitulée "Sur la bénédiction 'des couples de même sexe'", souligne que la définition du mariage contenue dans les paragraphes 4 et 5 de la déclaration Fiducia supplicans est conforme à l'enseignement orthodoxe ("cf. le document de l'Église orthodoxe russe 'Sur les aspects canoniques du mariage chrétien'"). En même temps, la Commission synodale affirme que Fiducia supplicans déclare la possibilité de bénir les couples de même sexe, ce qui est contraire à la morale chrétienne, et qu'elle les assimile de fait à la cohabitation extraconjugale des couples hétérosexuels. "Il convient également de noter, lit-on dans le texte, que ceux qui vivent dans une union pécheresse sont appelés "indigents", comme si le défaut moral n'impliquait pas un choix conscient et libre de leur part. L'accent n'est plus mis sur le fait que le pécheur a pris une décision morale, mais sur le caractère indigent de sa situation. Dans "Fiducia supplicans", la définition de la "cohabitation homosexuelle" en tant que péché fait défaut. Passant ensuite à l'analyse des recommandations pratiques sur la manière dont ces bénédictions devraient avoir lieu, c'est-à-dire sous une forme spontanée, non ritualisée et brève, la Commission synodale les décrit comme "non moins ambiguës que les positions théologiques dont elles découlent" : "Comme le suggère le document (Fiducia supplicans, n. d.A.), le danger n'est pas que la bénédiction de ces couples apparaisse comme l'approbation d'une cohabitation non licite du point de vue de l'Église, mais seulement que, dans le cas où elle est réalisée de manière similaire aux formes liturgiques établies, elle confère un formalisme inutile à un acte qui se veut "spontané"".
La troisième partie du document ("Réactions à la déclaration dans le monde catholique") est consacrée à la résonance que la déclaration Fiducia supplicans a eue dans l'Église catholique.
Dans les conclusions du document présenté par la Commission synodale biblico-théologique, on peut lire : "La compréhension unilatérale et incomplète de l'amour de Dieu pour l'homme qui est déduite de cette déclaration est théologiquement dangereuse. Dans cette compréhension, les concepts de péché et de repentance sont effectivement supprimés de la relation entre Dieu et l'homme, ce qui conduit à une logique paradoxale selon laquelle les personnes engagées dans des relations de péché ont recours non pas à la repentance et au travail spirituel, mais à une forme quelconque de bénédiction dans l'espoir de recevoir une 'guérison' et une 'élévation'. Toutefois, la déclaration ne précise pas que la "guérison" et l'"élévation" doivent au moins être précédées de l'intention de renoncer aux relations de péché. Dans le contexte des processus en cours dans la communauté chrétienne, ce document peut être perçu comme une étape vers la pleine reconnaissance par l'Église catholique romaine des "unions de même sexe" comme la norme, ce qui s'est déjà produit dans certaines communautés protestantes. Tous les croyants, y compris ceux qui ont des tendances homosexuelles, ont besoin de soins pastoraux. Cependant, cette attention pastorale ne doit pas viser à légitimer un style de vie pécheur, mais à guérir l'âme de ceux qui souffrent, comme il est écrit à juste titre dans les "Fondements de la doctrine sociale de l'Église orthodoxe russe" (...). Bien que la déclaration "Fiducia supplicans" soit un document interne de l'Église catholique, l'Église orthodoxe russe considère qu'il est de son devoir de répondre à de telles innovations radicales qui rejettent les normes divinement révélées de la morale chrétienne. L'Église, qui accueille avec amour maternel et indulgence chaque pécheur qui demande sa bénédiction, ne peut en aucun cas bénir des "couples de même sexe", car cela signifierait le consentement de facto de l'Église à une union de nature pécheresse".
En même temps, le Département des relations extérieures du Patriarcat de Moscou a publié sur son site officiel une note présentant le document rédigé par la Commission synodale biblico-théologique et renvoyant au texte intégral.
Selon la Commission synodale biblico-théologique dans une note datée du 20 février, lors de la session plénière de ce jour, les membres de la Commission ont unanimement exprimé un avis négatif sur la déclaration Fiducia supplicans, qu'ils ont examinée à la demande du Patriarche Kirill. (CD) (Agence Fides 27/3/2024)

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