ASIE/PAKISTAN - Une nouvelle commission nationale pour les droits des minorités est à l'étude

mardi, 10 janvier 2023 minorités religieuses   droits fondamentaux  

Islamabad (Agence Fides ) - Ces derniers jours, le Premier ministre pakistanais Shahbaz Sharif a annoncé, au cours d'une réunion à Islamabad, qu'un projet de loi était en préparation pour la création d'une Commission nationale pour les droits des minorités. " Bien qu'il s'agisse d'une initiative louable, il est nécessaire d'évaluer le travail des institutions nationales des droits de l'homme existantes avant de créer un nouvel organisme ", explique à Fides le laïc catholique pakistanais Peter Jacob, directeur du " Centre pour la justice sociale " (CSJ). Mme Jacob cite la Commission nationale sur le statut des femmes (NCSW), créée en 2000 ; la Commission nationale des droits de l'homme (NCHR), créée en 2015, neutre et permanente ; la Commission nationale des droits de l'enfant, créée en 2020. "En général, il faut dire que les recommandations politiques des commissions sont ignorées ou que leur mise en œuvre est retardée par le ministère fédéral des droits de l'homme", note M. Jacob. Les provinces pakistanaises, rappelle-t-il, ont également mis en place des organismes de défense des droits de l'homme (commissions, bureaux et départements), mais "ces organismes manquent cruellement de ressources et d'expertise et leur fonctionnement est limité", note-t-il.
Ces commissions, note-t-il, devraient fonctionner "comme un pont entre les détenteurs de devoirs (le gouvernement) et les détenteurs de droits (les gens)". mais souvent "une gouvernance non transparente limite leur fonctionnement". "Le système exige que tous les organismes se soumettent à l'autorité du gouvernement, alors que ces commissions, logiquement, devraient fonctionner de manière autonome par rapport aux structures d'autorité afin de les contrôler et d'établir les responsabilités éventuelles", argumente-t-il. Comprendre cette dynamique, note M. Jacob, peut être utile pour réfléchir à une nouvelle commission des minorités.
Le directeur du CSJ soulève d'autres objections : "Premièrement, le terme "minorité" devrait être défini de manière à ne pas inclure uniquement les minorités religieuses, c'est-à-dire les citoyens pakistanais non-musulmans. En outre, la Commission devrait être un organe conçu "pour" la réalisation effective des droits des minorités plutôt qu'un organe des minorités." La législation proposée devrait alors inclure l'engagement des institutions de l'État à mettre en œuvre ses recommandations", dit-il. Elle pourrait s'appuyer sur un réseau de volontaires de la société civile, espère M. Jacob, notant que "l'inclusion des minorités dans le cadre de l'égalité des droits signifie l'extension de la question à l'égalité et à la justice pour tous".
(PA) (Agence Fides 10/1/2023)


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