ASIE/ TERRE SAINTE - La violence est endémique en Terre Sainte. Père Ibrahim Faltas : "le cœur du conflit, comme toujours, c'est Jérusalem"

mercredi, 12 mai 2021 proche-orient   jérusalem   zones de crise   hébraisme   islam  

Jérusalem (Agenzia Fides) - "Nous l'avons déjà vu et dit cent fois : quand Jérusalem est touchée, la violence et la douleur se répandent fatalement, qui accablent tout le monde. Le cœur du conflit, comme toujours, est la ville sainte. Et comme l'a reconnu saint Jean-Paul II, tant qu'il n'y aura pas de paix à Jérusalem, il n'y aura pas de paix dans le reste du monde. C'est ce que répète à l'Agence Fides le Père Ibrahim Faltas, prêtre franciscain de la Custodie de Terre Sainte, en rappelant le lien mystérieux qui lie le sort de Jérusalem au sort de la paix dans le monde. Depuis le cœur de la vieille ville, le frère égyptien suit avec une appréhension empreinte d'une ombre de résignation la nouvelle vague de violence qui se répand en Terre Sainte et menace d'embraser tout le Moyen-Orient.
Le père Ibrahim a toujours suivi de près les phases difficiles du conflit israélo-palestinien. En 2002, il a été personnellement impliqué dans l'événement du siège armé par l'armée israélienne de la basilique de la Nativité à Bethléem, où s'étaient réfugiés des militants palestiniens. Le franciscain, qui était également présent dans la basilique assiégée, a apporté une contribution importante en tant que médiateur aux négociations qui ont conduit à la fin du siège sans effusion de sang. Avec sa longue expérience, il a appris à saisir les signes annonciateurs de nouvelles tempêtes : " Cela faisait un mois que se succédaient des initiatives et des événements destinés à accroître la tension autour de Jérusalem. Il était prévisible que la situation se précipite. La gravité du conflit en cours n'avait pas été vue depuis longtemps : la violence et les affrontements sévissent non seulement dans les Territoires palestiniens, mais aussi à Jaffa, Ramla, Haïfa, Akko. Lod...", note le père Faltas dans un entretien avec l'Agence Fides.
L'escalade du conflit, marquée par les tirs de roquettes du Hamas sur le territoire israélien et par les représailles militaires israéliennes contre la bande de Gaza, risque de prendre une ampleur et des développements imprévisibles. Mais la racine - insiste le père Ibrahim - est facilement reconnaissable, et est toujours la même : "Ces jours-ci, j'avais entre les mains un livre de 1986, qui décrivait des situations et des faits qui sont les mêmes qu'aujourd'hui : les affrontements à la porte de Damas, les incursions militaires sur l'Esplanade des Mosquées... On touche la corde sensible, quand on a envie de tout faire sauter. Et ici, tout le monde sait que la clé de la paix et de la guerre est Jérusalem". Pour cette raison - ajoute le prêtre de la Custodie de Terre Sainte - toute tentative authentique de démêler les nœuds du conflit doit commencer par la reconnaissance de la nature unique et incomparable de la Ville Sainte. "Jérusalem, souligne le père Ibrahim, n'est pas une ville comme les autres. Elle n'est jumelée à aucun autre centre urbain, car par définition elle n'a pas, elle ne peut pas avoir de villes "jumelles". Et elle ne peut jamais être une ville appartenant à un seul parti, à un seul État, à un seul groupe religieux. Toutes les tentatives d'éliminer les facteurs de son identité plurielle par la politique du fait accompli, menées même brutalement, la défigurent, et sont de toute façon vouées à l'échec. Jérusalem est la ville-mère de tous ; elle sera toujours au cœur des trois communautés de foi abrahamiques. Et la seule façon de résoudre les problèmes sera de les traiter à la table des négociations, sans rien enlever, et avec l'implication nécessaire de la communauté internationale, qui ne peut continuer à être absente et à se détourner, chaque fois que la violence explose à Jérusalem et de là se propage dans le monde entier. (GV) (Agence Fides 12/5/2021).


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