ASIE/LIBAN - Initiatives du Patriarche d’Antioche des Maronites pour exorciser les fantômes du passé dans le cadre de la crise libanaise

vendredi, 15 novembre 2019 proche-orient   eglises orientales   groupes paramilitaires   sectarisme   politique   géopolitique  

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Beyrouth (Agence Fides) – Après le début des manifestations qui agitent le Liban depuis le 17 octobre dernier, chaque jour, en l’église siège du Patriarcat d’Antioche des Maronites de Berkè, à 17.00 locales, a lieu la récitation du chapelet pour invoquer le don de la paix pour le Liban. La prière mariale – à laquelle hier, 14 novembre, a été ajoutée une heure d’Adoration du Très Saint Sacrement – est transmise en direct par la chaine de télévision Nursat dans tout le pays et est suivi par le biais des réseaux sociaux par les libanais de la diaspora.
La suggestion de prier chaque jour pour la paix est venue du Patriarche d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Bechara Boutros Rai, qui, depuis le début de la crise, a rappelé les responsables politiques à l’importance d’écouter les légitimes requêtes provenant du peuple et qui, dans le même temps, tente d’endiguer toutes dérives qui pourraient pousser le pays vers les cauchemars du passé, lesquels ont dévasté la nation pendant les longues et sanglantes années de la guerre civile.
Au cours de ces derniers jours, nombreux sont ceux qui ont vu poindre à l’horizon les fantômes du passé, surtout lorsque des groupes de manifestants occupés à organiser des barrages routiers ont élevé des murs et des barrières le long de certains axes de transit, là où, durant la guerre civile se trouvait les points de passage et les lignes de partage des diverses zones du pays.
La barrière créée dans le tunnel Nahr el Kalb, le long de la directrice Beyrouth-Jounieh a fait beaucoup parlé d’elle dans la mesure où elle a été réalisée par des manifestants au visage masqué qui montraient des tracts sur lequel était représenté le visage du Patriarche (émérite) d’Antioche des Maronites, S.Em. le Cardinal Nasrallah Pierre Sfeir (1920-2019), dans une zone majoritairement habitée par des chrétiens. Ce lieu bien connu de la mémoire collective libanaise était celui où, durant la guerre civile, se trouvait un barrage coupant en deux le territoire libanais sur le rivage de la mer. L’image du tunnel complètement fermé par des amas de terre au cours de la guerre (voir cliché) est revenue en force sur les réseaux sociaux et nombreux sont ceux qui ont lu le nouveau blocus imposé par les manifestants en ce lieu comme une expression du langage typique de la « mentalité des milices » qui risque de reprendre pied dans le pays, affaibli par la crise économique et la paralysie politique.
Au cours de la journée d’hier, le Patriarche d’Antioche des Maronites a reçu en son siège le Ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, responsable du Mouvement patriotique libre, fondé par le Président, le Général (2S) Michel Aoun, et actuellement allié au parti chiite Hezbollah. Selon ce qu’indique la chaine de télévision libanaise LBCI, le Cardinal aurait également contacté les responsables d’autres formations politiques chrétiennes, dont ceux du Parti Kataeb et Samir Geagea, responsable des Forces libanaises, afin de les appeler à veiller face au danger d’un retour au passé. La nouvelle de contacts entre le Patriarche d’Antioche des Maronites et les responsables politiques chrétiens a été démentie par des sources proches des deux formations politiques mais non pas officiellement par le Patriarcat. Entre temps, après la démission du Premier Ministre, Saad Hariri, ont été confirmés les contacts entre les partis chiite et sunnites afin de vérifier les marges de consensus autour de la figure du sunnite Mohammad Safadi comme nouveau Premier Ministre afin de constituer un « gouvernement d’urgence ». Par le passé M. Safadi, du parti sunnite Avenir, avait occupé les fonctions de Ministre de l’Economie et de Ministre des Finances dans les cabinets conduits par Najib Mikati, Fouad Siniora et par Saad Hariri. (GV) (Agence Fides 15/11/2019)


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