AMERIQUE - Quelques évaluations concernant le CAM 5 entre ministérialité de la femme et des laïcs, valeur du témoignage et soutien à la mission ad Gentes

mercredi, 25 juillet 2018 cam 5   animation missionnaire   oeuvres pontificales missionnaires   eglises locales  

Santa Cruz de la Sierra (Agence Fides) – L’accueil des familles et l’organisation à la charge des Œuvres pontificales missionnaires de Bolivie et de la Conférence épiscopale locale ont été la clef de la réussite du V° Congrès missionnaire américain (CAM 5). Selon les Directeurs nationaux des Œuvres pontificales missionnaires du Venezuela, le Père Ender Zapata, et du Mexique, le Père José Ayala, consultés par l’Agence Fides, l’une et l’autre ont permis une réflexion profonde, un partage joyeux de la « passion missionnaire » et une expérience précieuse de mission de maison en maison, réalisée le dernier jour, par le biais de laquelle les missionnaires ont pu prendre contact avec la réalité.
Parmi les choses positives ressortant d’un premier bilan de l’événement missionnaire continental, les deux prêtres ajoutent la proposition d’une mission « plus ministérielle que cléricale » et en particulier la proposition visant à faire en sorte que les femmes obtiennent une présence dans les milieux décisionnels. Le Père Ayala considère que, de facto, en de nombreux lieu, cela est déjà le cas, « mais il est opportun que cela se fasse de manière plus formelle et que les femmes aient un mandat de la part de l’Eglise, dans la mesure où la majeure partie des personnes qui y travaillent, dans tous les milieux, sont des femmes ». « Depuis toujours, les femmes assurent la continuité de l’évangélisation et de la vie de foi dans les familles et elles œuvrent chaque jour de manière missionnaire pour l’Eglise » remarque le Père Zapata. « Elles n’existent pas seulement pour mettre des fleurs ou retirer les nappes. La grande partie d’entre nous a reçu la foi de sa mère ou de sa grand-mère ».
Le CAM 5 a suggéré de leur conférer le ministère de l’acolytat, solution qui ne convainc pas tout le monde. Le Directeur des Œuvres pontificales missionnaires, le Père Maurício Jardim, explique à l’Agence Fides que tout ceci a « émergé avec beaucoup de force en particulier dans le cadre d’une conférence qui a été très applaudie ». « Ce sont surtout les femmes qui portent l’Evangile » a rappelé le Père Jardim, reprenant les paroles de la conférence précitée, dans le cadre de laquelle Mgr Santiago Silva prenait comme exemple le modèle missionnaire de Saint Paul et de ses compagnons, « et (qui) sans les femmes, il serait aujourd’hui presque impensable ».
Le CAM 5 a prouvé l’existence d’une Eglise présente, active et préoccupée par le graves situations que traversent le Nicaragua, Haïti et le Venezuela et par la politique américaine de séparation des enfants de leurs parents immigrés en situation irrégulière, situations qui ont été dénoncées dans un message adressé à l’opinion publique. Pour l’Eglise, indique le Directeur national des Œuvres pontificales missionnaires du Venezuela, « ces situations constituent également des opportunités pour témoigner et stimuler l’option pour un Christ vivant et ressuscité qui se fait solidaire et présent dans une réalité qui parle de mort, de violence et d’injustice ».
En ce qui concerne les points négatifs du CAM 5, les Pères Ayala et Zapata notent « le peu de profondeur et le peu de temps dédié à la réflexion sur la mission Ad Gentes », « un signe du fait que l’Eglise en Amérique ne la prend pas en charge de manière concrète, réelle et généreuse ». « Nos pays, qui ont reçu le don de l’Evangile depuis plus de 500 ans, ont du mal pour le moment à envoyer des missionnaires en dehors du continent et même en direction de nos peuples indigènes pour apporter une continuité à l’Evangélisation ». Par ailleurs, « l’Amérique latine, qui a tant reçu en termes d’annonce de l’Evangile – insiste le Père Jardim – pourrait envoyer des missionnaires également dans des zones aujourd’hui déchristianisées existant en Europe ».
Le monde afro-américain, reprend le Père Zapata, « a lui aussi été totalement absent de la réflexion. L’approfondissement de la mission indigène aurait dû être plus important dans la mesure où il s’agit d’un secteur présentant des carences en matière de pastorale missionnaire adéquate », notamment à cause de la diminution des vocations ordonnées et du vieillissement des missionnaires venus de l’étranger. Toutefois, « l’absence de missionnaire crée actuellement une nouvelle ministérialité » laïque, de laquelle il a été peu question, selon le Père Zapata. L’aspect lié au témoignage « aurait pu fortement enrichir le CAM ». « Nous ne pouvons pas perdre cet aspect dans la mesure où un Congrès missionnaire n’est pas seulement une réflexion mais également une revitalisation ».
A cet égard, le Père Ayala rappelle ce qui a été mis en évidence ces jours-ci. « Il s’agit de partager avec les autres une rencontre avec la personne du Christ et de favoriser que ceux-ci aient à leur tour une rencontre avec Lui. Si en nous, il ne s’agit que d’une référence, d’une idée, nous ne pouvons pas en être les témoins et [le Bienheureux Pape] Paul VI disait que les personnes écoutent avec plus d’attention les témoins que les maîtres. Les saints, par exemple, continuent à être efficaces, surtout grâce à leur témoignage ».
La délégation mexicaine a valorisé fortement la mission réalisée en clôture du Congrès. « Il a été fait l’expérience du fait que le Seigneur se sert de beaucoup de choses pour nous permettre de Le rencontrer, outre la Messe ou les retraites. La rencontre avec la population a beaucoup frappé les délégués, y compris lorsqu’il lui a fallu deux heures pour atteindre une famille isolée parce qu’ils ont pu voir la réalité : beaucoup de pauvreté, parfois beaucoup d’abandon. Il est frappant de rencontrer le Christ ici-bas, seul et abandonné ». Ceci a provoqué des sentiments d’impuissance mais a également réveillé le désir de s’engager dans la mission.
Les trois Directeurs nationaux considèrent opportun de promouvoir un plus important envoi de missionnaires Fidei Donum, y compris dans des Circonscriptions ecclésiastiques voisines, comme par exemple dans les Vicariats apostoliques vénézuéliens dont un, sis en Amazonie, ne dispose que de son Evêque, de trois prêtres et de quatre religieuses. L’Episcopat national a décidé la mise en place de la « dîme missionnaire », qui implique l’envoi de missionnaires aux Eglises dans le besoin.
Le Père Jardim met en évidence le besoin de traduire les conclusions du CAM 5 en plans et actions. « Pour alimenter l’esprit missionnaire, nous devrions profiter du Synode sur les jeunes et de la Journée mondiale de la Jeunesse – suggère le Père Ayala – y compris comme préparation au Mois missionnaire extraordinaire d’octobre 2019 ». (SM) (Agence Fides 25/07/2018)


Partager: