ASIE/INDE - Histoire d’une paroisse ayant disparu après les massacres anti-chrétiens de l’Orissa

vendredi, 10 décembre 2010

Bhubaneswar (Agence Fides) – L’histoire de la paroisse catholique de Betticalla, dans l’Archidiocèse de Cuttack-Bhubaneswar, théâtre des massacres anti-chrétiens d’août 2008, est un fait tragique que l’Eglise locale raconte à l’Agence Fides.
La paroisse en question couvrait le territoire du village de Nandigiri, où vivaient une centaine de familles chrétiennes au milieu d’autres familles, hindoues. Il s’agit de familles pauvres, de paysans, très pieuses et engagées au sein de l’Eglise locale où oeuvraient deux prêtres et trois religieuses résidant dans la paroisse.
L’un des deux prêtres, le Père Mrityunjay Digal, est l’actuel Secrétaire de l’Archevêque Raphael Cheenath. Sa mère et ses deux frères, résidents dans le village, ont assisté et subi certains des épisodes de violence les plus terribles enregistrés au cours de la période des massacres. Des militants hindous ont rasé les cheveux de l’un des deux frères, l’exposant à la risée publique, le contraignant à manger de la bouse de vache et à boire de l’urine, mettant en scène un rite de conversion forcée à l’hindouisme.
Chaque maison des fidèles chrétiens a fait l’objet d’une razzia et a été brûlée. Les fidèles se sont réfugiés dans la forêt puis dans les camps de réfugiés mis en place par le gouvernement. Mais elles font partie des personnes qui ne pourront jamais retourner chez elles parce que les extrémistes continuent à imposer comme pré condition une conversion en masse à l’hindouisme. Les autorités ont indiqué « ne rien pouvoir faire » face aux menaces des groupes radicaux et ne pas être en mesure de garantir la sécurité des chrétiens s’ils retournaient dans la zone. La solution proposée a été celle de fonder un nouveau village, assez distant de Nandigiri, à flanc de montagne. Le village s’appelle – comble du paradoxe – « Shantinagar », c’est-à-dire « lieu de la paix ». C’est ainsi que les autorités locales ont remis à chaque famille un petit lopin de terre pour construire une nouvelle maison. Les familles chrétiennes (dont 51 sont catholiques) se sont affairées, ont retourné la terre, construit des canaux et des sentiers afin de rendre la zone habitable. Pour édifier chaque maison, il faut, en revanche, 80.000 roupies et une collecte a été lancée. Des aides sont parvenues également des religieux Jésuites et des Sœurs de Mère Teresa qui ont fourni des couvertures, des cuisinières et des vêtements.
Cependant, malgré l’énergie démontrée, la survie est très difficile et la sensation est celle de vivre dans un « ghetto ». Il n’y a pas de travail à « Shantinagar » et il n’existe pas de terrain agricole. Les plus jeunes se déplacent chaque jour dans la ville voisine d’Udayagiri à la recherche d’un travail journalier. « Mais les personnes se sentent privés de la dignité. Et l’Eglise d’Orissa a perdu une paroisse » note une source de l’Eglise locale. Aujourd’hui, le curé vit dans la lointaine Bhubaneswar, la capitale de l’Etat. Un autre prêtre vient le dimanche pour célébrer la Messe. Les habitants du village voudraient également construire une nouvelle église avec l’aide de la Congrégation de Saint Gabriel mais ils attendent encore l’autorisation des autorités. La vie de la nouvelle colonie est très dure. Le désir caché des fidèles, confié aux intentions de Noël, serait de retourner à Nandigiri, mais il est très probable que cela restera un rêve. (PA) (Agence Fides 10/12/2010)


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