ASIE/INDE - Les élections générales sont annoncées ; un jésuite : "Repartir de la Constitution"

lundi, 18 mars 2024 politique   droits fondamentaux  

News Delhi (Agence Fides) - La Commission électorale indienne a annoncé que les élections générales dans la plus grande démocratie du monde se dérouleront à partir du 19 avril prochain, au cours de sept journées de vote, sur une période de six semaines. Les dates prévues pour le vote, dans les différents Etats de la Fédération, sont : 19 et 26 avril ; 7, 13, 20 et 25 mai ; 1er juin. Le décompte des voix sera annoncé à partir du 4 juin. Les quelque 968 millions d'Indiens ayant le droit de vote choisiront la composition de la prochaine chambre basse du parlement (la "Lok Sabha") et, par conséquent, la composition de la majorité gouvernementale. Il y a 543 sièges à pourvoir, et les partis participants, au total, sont au nombre de 2 400.
"Les citoyens indiens sont conscients qu'il s'agit d'un moment décisif pour le pays et que le résultat des élections déterminera certainement l'avenir, en particulier l'engagement de la nation envers sa Constitution et l'avenir de notre démocratie", commente le chroniqueur et écrivain jésuite Cedric Prakash sj.
"Les traditions pluralistes et l'éthique démocratique de l'Inde sont en jeu. L'article 19 de la Constitution (qui garantit la liberté de parole et d'expression), l'article 21 (droit à la vie et à la liberté), l'article 25 (qui garantit la liberté de prêcher, de pratiquer et de propager sa religion) et tous les droits fondamentaux des citoyens doivent être réévalués", note-t-il. "Aujourd'hui, les pauvres et les vulnérables, les marginaux et les minorités, les exclus et les exploités, les Adivasis, les Dalits, les petits agriculteurs et les travailleurs migrants, les femmes et les enfants, les handicapés, les défenseurs des droits de l'homme, les journalistes et tous ceux qui promeuvent l'idée d'une Inde démocratique, pluraliste et laïque sont pénalisés", déclare l'ecclésiastique.
Le jésuite constate "un sérieux manque de volonté politique de s'attaquer aux problèmes brûlants du système national, tels que : la politique d'éducation nationale, la loi d'amendement sur la citoyenneté, les lois anti-conversion, les lois sur l'agriculture (qui favorisent les grandes entreprises et nuisent aux petits agriculteurs), les quatre codes du travail, la loi sur la conservation de la forêt".
Un autre problème fondamental, observe-t-il, "est la corruption, le manque de transparence dans la politique", tandis que le "communalisme", c'est-à-dire la polarisation sociale instiguée entre les communautés de religion, d'ethnie, de culture et de classe différentes, gagne en force, avec la promotion de l'idéologie "Hindutva" ("hindouisme") qui prêche "un peuple, une culture, une religion", et qui est contraire au pluralisme.
Le 26 novembre 1949, le peuple indien - rappelle le jésuite - "a approuvé une Constitution visionnaire et novatrice". En conclusion, le père Prakash cite le discours de Bhimrao Ramji Ambedkar, homme politique, philosophe et juriste indien, à la veille de l'entrée en vigueur de la Constitution : "Si nous voulons maintenir la démocratie non seulement dans la forme mais aussi dans les faits", a déclaré Ambedkar, "que devons-nous faire ? La première chose est de s'en tenir aux méthodes constitutionnelles pour atteindre nos objectifs sociaux et économiques ; il ne peut y avoir de justification pour des méthodes inconstitutionnelles. La deuxième chose est de ne pas mettre nos libertés entre les mains d'un seul homme, ni de lui donner le pouvoir de subvertir les institutions. La troisième chose est de ne pas se contenter d'une simple démocratie politique. Nous devons faire de notre démocratie politique une "démocratie sociale".
(PA) (Agence Fides 18/3/2024)


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