AFRIQUE/COTE-D’IVOIRE - Les chefs religieux avaient recommandé la prudence mais ils n’ont pas été écoutés

Abidjan (Agence Fides) – « La crainte d’une fracture du pays devient plus concrète » déclare à Fides une source de l’Eglise locale depuis Abidjan, la capitale économique de Côte-d’Ivoire, où, hier, le Conseil constitutionnel a déclaré le Président sortant Laurent Gbagbo, vainqueur du ballottage des élections présidentielles du 28 novembre. Le Conseil constitutionnel a ainsi annulé les résultats proclamés le 2 décembre par la Commission électorale selon lesquels le vainqueur de l’élection était en revanche Alassane Ouattara avec 54% des voix (voir Fides 03/12/2010). Le Conseil constitutionnel a annulé les résultats de neuf circonscriptions électorales du nord (zone contrôlée par l’ancienne guérilla des Forces Nouvelles) et a proclamé Gbagbo, vainqueur avec 51,45% des suffrages. « L’ONUCI (la mission de l’ONU en Côte-d’Ivoire) a repoussé les conclusions du Conseil constitutionnel, affirmant que, bien qu’ait été constaté un certain nombre d’irrégularités, le scrutin dans le nord du pays s’est déroulé de manière correcte » déclare une source de Fides. L’ONU, l’Union européenne et les Etats-Unis ont reconnu la victoire de Ouattara et demandé à Gbagbo d’accepter le résultat proclamé par la Commission électorale. Les Forces Nouvelles et leur leader, Guillaume Soro, qui est le Premier Ministre sur la base des accords de paix de 2007, appuient Ouattara.
« S.Exc. Mgr Jean-Pierre Kutwa, Archevêque d’Abidjan et porte-parole du Collectif des chefs religieux pour les élections apaisées, ainsi que d’autres représentants religieux s’étaient rendus auprès du Conseil constitutionnel, recommandant la prudence et une prise de décision sans hâte. En revanche, le Conseil, qui disposait d’une semaine pour émettre sa décision, a annoncé hier à 15.30 la victoire de Gbagbo » affirme la source de Fides.
Dans la capitale, ont été entendues des fusillades au cours de la nuit entre le 3 et le 4 décembre. « Il y a eu au moins deux victimes, toutes d’eux originaires du Burkina Faso. Les habitants d’Abidjan qui sont d’origine étrangère craignent de faire l’objet de violences », indique notre source.
La cérémonie de prise de fonction de Gbagbo était prévue pour ce jour, 4 décembre, à 12.00. (L.M.) (Agence Fides 04/12/2010)