ASIE/PAKISTAN - “Si elle n’est pas désintéressée, ce n’est pas de la charité” dit l’évêque d’Islamabad

Rome (Agence Fides) – Les groupes qui donnent de la nourriture à des fins secondaires « ne font pas la charité, n’agissent pas selon Dieu ». Ce n’est pas de la charité, ni de la miséricorde, c’est bien autre chose » dit dans une interview pour l’Agence Fides Son Exc. Mgr Rufin Anthony, Evêque de Islamabad-Rawalpindi.

Comment est la situation des chrétiens après les inondations ?
De nombreux chrétiens sont accueillis par d’autres familles chrétiennes. Beaucoup sont dans les camps de réfugiés. Les aides, à ce que j’ai pu constater dans mon diocèse, sont distribuées par l’intermédiaire de l’armée : les organisations d’assistance, y compris la Caritas, passent par les militaires, qui les distribuent sans discriminations. Dans d’autres zones, là où le gouvernement n’arrive pas, travaillent souvent des ONG locales liées aux groupes islamiques. Ceux-ci demandent l’aumône pour les aides, et comme je l’ai entendu raconter, ils s’occupent seulement des réfugiés musulmans.

Que veut dire des associations de charité liées aux groupes islamistes radicaux ?
Ces groupes ne font pas la charité. Si une aide n’est pas désintéressée, ce n’est pas de la charité, ce n’est pas de la miséricorde. Il y a d’autres raisons derrière : se créer une bonne image, obtenir un consensus, acquérir de la popularité auprès de la population, recevoir de l’aide de l’étranger, recruter des volontaires.

Selon vous ils font aussi du prosélytisme ?
Je n’en ai pas été informé. Mais s’ils font du prosélytisme, s’ils demandent aux personnes d’autres religions de se convertir, leur œuvre ne parviendra pas à ses fins. Les chrétiens pakistanais, même s’ils sont dans une situation d’extrême nécessité, n’accepteront pas de se convertir, d’abandonner leur foi. La foi des chrétiens est forte : ils préfèreront refuser ces aides conditionnées. Et puis je me demande : quelle valeur aurait la conversion d’un homme qui le fait seulement parce qu’il est en train de mourir ?

Comment les chrétiens du Pakistan vivent-ils aujourd’hui leur foi ?
Les chrétiens vivent parmi la population, témoignant de leur foi avec conviction, même au milieu des persécutions. Et même, je peux dire que parmi les difficultés et les persécutions, la foi fleurit : nos églises sont pleines. Les chrétiens se sentent d’authentiques pakistanais. Le Pakistan est notre terre, c’est la terre que Dieu nous a donnée. Même si leurs droits sont niés, ces droits restent tels, ils sont inaliénables et personne ne pourra les enlever.

Y a-t-il une lueur d’espérance même dans cette tragédie des inondations ?
L’espérance il y en a, car Dieu est le Seigneur de l’histoire, même dans les évènements que l’humanité ne comprend pas. Tout évènement, même tragique, sert à notre salut et à notre rédemption. Cette tragédie dit à tout homme de revenir à Dieu et de mettre en pratique sa miséricorde, comme je le répète aux fidèles du diocèse.
(PA) (Agence Fides 16/9/2010 Lignes 43 Mots 483)