ASIE/PAKISTAN - Une commission d'enquête pour mettre fin au « commerce du blasphème »

vendredi, 18 juillet 2025 droits fondamentaux   blasphème   société civile   justice  

Archdiocese of Lahore

Islamabad (Agence Fides) – Afin de mettre un terme au terrible phénomène du « commerce du blasphème », la Haute Cour d’Islamabad (IHC) a ordonné au gouvernement d’ouvrir une enquête et d’instituer une commission d’enquête spéciale sur le nombre croissant de cas impliquant en particulier des jeunes. La décision de la cour fait suite à de nombreux recours déposés par des familles dont des membres ont été attirés , trompés et impliqués dans des affaires de « blasphème en ligne », souvent par le biais de messages sur les réseaux sociaux ou dans des groupes WhatsApp, pris au piège dans ce qui s'est avéré être un véritable réseau criminel, qui traite le thème du blasphème à des fins de chantage et d'extorsion d'argent (voir Fides 30/01/2025) .
Les cas ont augmenté de manière vertigineuse depuis 2022, plusieurs jeunes ayant été arrêtés pour des délits présumés de blasphème après avoir participé à des forums en ligne. Des avocats, des organisations de défense des droits humains et des responsables des forces de l'ordre ont laissé entendre que l'organisation à l'origine de ce phénomène était vaste et complexe, et qu'elle comprenait même des associations d'avocats chargés de surveiller les plateformes en ligne à la recherche de contenus blasphématoires et de spéculer sur les personnes impliquées malgré elles.
« La Haute Cour a ordonné la création d'une commission dans les 30 prochains jours afin d'enquêter sur cette question. La commission devra présenter ses conclusions dans un délai de quatre mois. Cette directive donne de l'espoir aux familles touchées par ces accusations », souligne dans un entretien avec Fides l'avocat catholique Khalil Tahir Sandhu, engagé dans la défense des victimes innocentes d'accusations de blasphème. « Je pense que cette fois-ci, le gouvernement réagira positivement, je suis convaincu que la commission sera mise en place et qu'elle ira au fond de cette affaire, qui a pris des proportions très graves. La loi sur le blasphème au Pakistan (trois articles du Code pénal qui punissent notamment l'outrage à l'islam, ndlr) telle qu'elle est actuellement configurée, se prête à être instrumentalisée et manipulée, y compris par des organisations criminelles qui spéculent et détruisent la vie d'innocents », souligne-t-il.
Un rapport de la « Commission nationale des droits de l'homme » du Pakistan a révélé qu'à l'heure actuelle, 767 personnes, principalement des jeunes hommes, sont en prison dans l'attente d'un procès pour blasphème. « Ces accusations ont un impact considérable sur les familles des victimes. Souvent, même après un acquittement, la stigmatisation liée à ces accusations persiste toute la vie », observe Sandhu. En attendant, conclut-il, « les familles des victimes espèrent que justice sera faite et que la politique trouvera le moyen de faire émerger la vérité. Nous espérons que la commission d'enquête pourra faire la lumière et apporter un soulagement aux personnes impliquées dans des affaires qui peuvent entraîner la destruction matérielle et psychologique de leurs familles ».
(PA) (Agence Fides 18/7/2025)


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