ASIE/PHILIPPINES - La Cour suprême déclare légales les activités minières à grande échelle : la société civile promeut la « justice environnementale »

mardi, 15 juillet 2025 laudato si'   développement durable   l'exploitation minière   droits fondamentaux   indigènes  

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Mamburao (Agence Fides) – La récente décision de la Cour suprême déclarant nulles les ordonnances et les résolutions des gouvernements provinciaux imposant un moratoire de 25 ans sur les activités minières dans la province de Mindoro occidental, sur l'île du même nom au centre de l'archipel philippin, a suscité perplexité et déception au sein de la société civile et des communautés catholiques philippines. Le jugement, publié le 14 mai et exécutoire depuis quelques jours, a confirmé la décision rendue en 2018 par le tribunal régional de Mindoro, qui annulait l'interdiction d'exploitation minière établie par le gouvernement local. La Haute Cour a affirmé que, selon la Constitution, les gouvernements locaux peuvent interdire des projets miniers spécifiques, mais n'ont pas le pouvoir d'interdire toutes les activités minières à grande échelle sur leur territoire.
Le recours devant la Cour avait été introduit par la société « Agusan Petroleum and Mineral Corporation » (APMC), qui avait conclu en 2008 avec le gouvernement central de Manille des contrats pour des activités minières à grande échelle. La même année, accédant aux demandes de la société civile, le gouvernement provincial de Mindoro occidental avait pris des arrêtés imposant un moratoire sur l'exploitation minière. L'APMC s'y était opposée, contestant la constitutionnalité de ces ordonnances devant les tribunaux dans le cadre d'une procédure engagée en 2014.
L'arrêt de la Cour suprême a reconnu que les activités minières « ont un impact sur l'environnement » et a toutefois souligné que les entreprises contractantes sont tenues de respecter les mesures de protection de l'environnement établies par le ministère de l'Environnement et des Ressources naturelles.
Selon « Alyansa Tigil Mina », une coalition de groupes de défense du territoire opposés à l'activité minière, le jugement « aura des répercussions évidentes » sur le territoire. La coalition a réaffirmé son engagement à « calibrer son approche, en intervenant sur la protection de la biodiversité, la résilience climatique et le développement durable ».
Mgr Moises Cuevas, évêque du vicariat apostolique de Calapan, à Mindoro oriental (une autre province de la même île), a déclaré que le jugement pourrait créer un précédent juridique pour une ordonnance similaire actuellement en vigueur à Mindoro oriental et « pourrait avoir un impact destructeur sur notre mission, exprimée dans l'encyclique Laudato si', pour la sauvegarde de notre maison commune ».
Le 10 juillet dernier, l'Église locale a accueilli un « Forum de dialogue sur le moratoire minier à Mindoro » auquel ont participé des associations et des communautés locales afin de discuter des mesures à prendre après la décision de la Cour. Le même jour, elle a proclamé une Journée de prière pour la justice environnementale.
Lors du forum, des représentants des communautés catholiques, d'associations environnementales et de défense des droits de l'homme, aux côtés de représentants du gouvernement provincial des deux provinces de Mindoro, ont réaffirmé leur opposition à l'exploitation minière à grande échelle. Le père Edwin Gariguez, directeur exécutif du « Diocesan social action center » à Mindoro oriental, a qualifié la lutte contre l'activité minière d'« obligation morale et pastorale », rappelant son fort impact sur les populations autochtones. « Le cri de la terre est le cri des pauvres », a déclaré le père Gariguez, citant Laudato Si'. « Cette lutte n'est pas seulement écologique ou politique : elle est pastorale et morale. Nous sommes appelés à défendre la vie sous toutes ses formes ».
(PA) (Agence fides 15/7/2025)


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