AFRIQUE/MADAGASCAR - Les détenus, condamnés également à la malnutrition chronique

lundi, 26 novembre 2012

Antananarivo (Agence Fides) – Après le Coup d’Etat de 2009, l’économie du pays s’est écroulée et le système carcéral s’est rapidement détérioré lui aussi. En 2008, l’Union européenne avait affecté 2,5 millions de dollars aux ONG engagées à améliorer les conditions dans les centres de détention mais ces fonds seront achevés d’ici la fin de cette année et l’on ne sait si le Ministère de la justice, dont le budget a été réduit de 40% en 2011, disposera de ressources pour 2013. Parmi les problèmes les plus urgents à affronter se trouve la malnutrition chronique, à laquelle semblent « condamnés » les détenus malgaches, en sus de leur peine judiciaire. Le rapport 2011 sur les droits humains à Madagascar rédigé par le Département d’Etat américain, a mis en évidence que cette plaie touche jusqu’à deux tiers des détenus dans certaines prisons et se trouve être pour eux la plus commune cause de décès. En 2008, le Ministère de la Justice avait planifié une augmentation des rations journalières dans les prisons mais les bienfaiteurs ont congelé les aides suite au Coup d’Etat et les budgets de l’ensemble des Ministères ont été réduits. Au mois de juillet 2012, Médecins du Monde, l’une des cinq ONG actives dans 24 prisons du nord de Madagascar financées par l’Union européenne, a distribué des rations extra de Koba – cacahuètes écrasées – et de manioc aux prisonniers malnutris.
Même si les fonds destinés aux prisons ont diminué, le nombre des détenus continue à augmenter. Les 83 établissements de peine du pays avaient été prévus pour accueillir 10.319 détenus mais ils en comprennent en réalité 19.870. Le surpeuplement est souvent de 100%. Il est possible de trouver 150 personnes dans une cellule prévue pour 40. En sus de la nourriture, les conditions d’hygiène sont très précaires : l’eau et le savon manquent et le défi contre les souris est constant. Selon Handicap International (HI), en 2012, 80% des détenus ont été abandonnés par leurs familles, souvent parce que les plus pauvres d’entre elles ne sont pas en mesure de les assister au plan économique. Plus de ¾ de la population du pays vivent avec moins d’un dollar par jour. HI a également fait remarquer que la moitié de détenus malgaches souffre de différents types de troubles mentaux. En outre, seulement 47% sont condamnés alors que nombreux sont ceux qui passent des années en prison dans l’attente d’une décision de justice. (AP) (Agence Fides 26/11/2012)


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