ASIE/CORÉE DU SUD -  Sœur Ester et le véritable défi des « missionnaires numériques »

lundi, 28 juillet 2025

par Pascale Rizk





Daejon ( (Agence Fides) - « Chaque chrétien peut être missionnaire en vertu de son baptême : même s'il ne quitte pas son pays, il peut annoncer l'amour de Jésus qu'il a reçu, dans la situation et la condition où il se trouve ». C'est ainsi que Sœur Ester Palma raconte le cœur de son expérience, arrivée ces jours-ci à Rome pour témoigner de cet amour lors du Jubilé des « missionnaires numériques », les 28 et 29 juillet.
 
En tant que missionnaire travaillant avec les jeunes Coréens, surtout au cours des dix dernières années, Sœur Ester s'est rendu compte que les garçons et les filles passent 90 % de leur temps avec leur téléphone portable, connectés aux réseaux sociaux numériques. « J'ai compris que pour eux, le monde accessible via leur téléphone n'est pas seulement un monde virtuel. Même s'il est numérique, il est réel pour eux. Et j'ai ressenti un nouvel appel à être missionnaire dans ce nouvel environnement », raconte la missionnaire espagnole de la Congrégation des Serviteurs de l'Évangile de la Miséricorde de Dieu, en Corée depuis 19 ans.
 
C'est ainsi que Sœur Ester a commencé son expérience de « missionnaire numérique » avec une chaîne YouTube, où elle partage constamment ses enseignements, ses récits et son expérience personnelle. Après la publication d'une vidéo, il y a toujours une implication spontanée des « followers » qui se traduit par des commentaires, des questions, des réactions publiés sur le mur dédié. « Ce n'est pas un lieu physique, c'est comme un mur d'informations, mais c'est aussi un lieu où l'on peut construire des relations », poursuit Sœur Ester. Un « contenu » partagé peut être suivi d'un message privé, d'une demande d'accompagnement, d'un conseil, d'une proposition de cours en ligne pour approfondir une question qui touche et interpelle le cœur des jeunes. « Ce n'est pas seulement « le sixième continent, le nouveau continent », comme l'avait appelé le pape Benoît XVI, mais c'est une extension de notre vie », ajoute la religieuse, qui trouve dans la mission numérique de nombreuses occasions d'atteindre beaucoup de jeunes et d'établir des relations réelles, d'être avec eux et de les accompagner, à partir de ce « lieu » où l'annonce de l'Évangile peut croiser de manière imprévisible le chemin de beaucoup.
 
Parmi les qualités que sœur Ester considère comme importantes pour favoriser une mission réelle et fructueuse à travers les médias numériques et les réseaux sociaux, la patience et l'humilité occupent la première place ; deux traits qui ne sont pas toujours présents chez ceux qui travaillent dans le monde numérique, où dominent la rapidité et la tendance à « se mettre en avant », justifiée par la nécessité d'attirer l'attention des « followers » et de lutter contre leur faible capacité de concentration.
 
Le missionnaire et la missionnaire, souligne sœur Ester, sont toujours appelés à faire preuve de patience, afin de s'assimiler à l'environnement et aux situations dans lesquels ils sont appelés à œuvrer. Jésus lui-même, rappelle la religieuse, avec une analogie suggestive, a passé 30 ans de « vie cachée » avant de commencer sa prédication publique. Et l'humilité des missionnaires trouve sa source dans le fait qu'ils ne sont pas les « portes du salut » : seul le Christ peut toucher les cœurs, seul Lui peut faire fructifier « les graines de beauté et de vérité qu'Il a déjà semées », dit sœur Ester.
 
La religieuse missionnaire a écrit plusieurs essais pour raconter aux jeunes l'histoire du catholicisme en Corée et la vie de certains martyrs. Aujourd'hui, elle nous propose également une chanson intitulée « Ta vie est précieuse ». Elle tente ainsi de répondre aux questions de nombreux jeunes, garçons et filles, sur le désir de bonheur et de grandeur qui vibre, parfois de manière intermittente et confuse, dans leur vie.
 
Le père Peter Hong, du diocèse de Daejon, actuellement missionnaire en Mongolie, et sœur Ester chantent l'amour de Dieu qui ne nous aime pas pour quelque chose que nous « faisons », mais parce que « nous existons ». Même si nous nous sentons inadéquats et imparfaits, il nous rappelle à quel point nous sommes précieux tels que nous sommes, et que la vie de chacun est un cadeau précieux offert à ce monde.
 
Selon les informations fournies par la plateforme du Jubilé des missionnaires numériques, environ 1 000 participants, pour la plupart des laïcs, provenant de 56 pays, se sont réunis à Rome. Au cours de leur pèlerinage jubilaire, ils participent également à des tables rondes, à des travaux de groupe, à des moments de prière, à des visites des lieux de mémoire apostolique de Rome et à un festival de clôture.
La plupart des événements auxquels participent les « influenceurs catholiques » se concentrent autour de la basilique Saint-Pierre : l'Auditorium de la via della Conciliazione, les jardins du Vatican, la Piazza Risorgimento. (Agence Fides 28/7/2025)
 


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