Paris (Agence Fides) - Cette semaine s'est ouvert à l'aéroport parisien du Bourget le plus prestigieux solon aéronautique du monde, avec le solon britannique de Fanborough. Les deux événements biennaux se tiennent en alternance afin de ne pas se chevaucher. Bien qu'ils comportent tous deux une importante section consacrée à l'aviation civile, les deux salons constituent une vitrine pour les industries de l'armement du monde entier, en particulier les secteurs de l'aérospatiale et des missiles.
Mais à côté de ces deux grands événements dont l'origine remonte à plusieurs décennies (le salon de Paris a une histoire qui remonte au début du siècle dernier), des foires exclusivement consacrées à l'armement se tiennent chaque année dans différentes parties du monde. Il s'agit d'événements beaucoup plus récents, dont beaucoup sont organisés dans des États qui n'ont créé que récemment des industries militaires dont les produits doivent être promus dans le cadre d'expositions nationales.
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022 jusqu'à aujourd'hui (23 juin 2023), selon un calcul que nous avons effectué (approximatif par défaut), au moins 43 ont eu lieu (dont 32 en 2022, 11 ont déjà eu lieu en 2023 et d'autres sont prévus).
De l'Afrique du Sud à la Tunisie, du Chili au Brésil, de la Bulgarie à la République tchèque, des Émirats arabes unis au Japon, les foires aux armes battent leur plein, stimulées par les tensions internationales.
Outre un intérêt commercial, celui de présenter les derniers produits de leur industrie d'armement, les pays hôtes poursuivent un intérêt stratégique, cherchant à s'imposer comme point de référence pour leur région parmi les fabricants d'armes mondiaux. Cela peut conduire les multinationales de l'armement à créer leurs propres filiales dans certains de ces pays, favorisant ainsi progressivement le transfert de technologie vers l'industrie locale.
C'est le cas des Émirats arabes unis, où se tient depuis des années l'IDEX, la plus grande foire d'armement de tout le Moyen-Orient et un point de rencontre pour les fabricants d'armes, petits et grands, de presque tous les pays du monde. Au fil du temps, grâce à la collaboration avec des multinationales et des entreprises étrangères, les Émirats se sont dotés d'un important secteur industriel militaire capable de fournir des systèmes de plus en plus sophistiqués. L'objectif, outre la diversification de l'économie nationale, est de se doter d'une capacité stratégique d'intervention, en premier lieu au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, par la vente (ou dans certains cas le don) d'armements à des amis et alliés (ou à des forces agissant par procuration).
Toutes les expositions ne sont pas fréquentées par les grands fabricants d'armes internationaux : les expositions plus petites et plus périphériques sont principalement l'apanage des fabricants locaux, ce qui témoigne de l'expansion progressive de la production d'armes qui voit une augmentation du nombre de pays capables de fabriquer des systèmes de plus en plus sophistiqués. Alors que les pays occidentaux ont connu une centralisation de la production de défense au sein de grands groupes multinationaux, les États qui, il y a quelques décennies encore, étaient des importateurs nets d'armes, ont développé leurs propres industries, capables non seulement de satisfaire (au moins partiellement) le marché intérieur, mais aussi d'exporter vers des pays même très éloignés. Dans certains cas, des fabricants émergents sont en mesure de remporter des appels d'offres lancés par les forces armées de grandes puissances, comme ce fut le cas pour les avions d'entraînement brésiliens achetés par la RAF britannique.
En définitive, alors que le Pape François nous rappelle que "consacrer une grande partie des dépenses à l'armement signifie les enlever à autre chose, c'est-à-dire continuer à les enlever encore une fois à ceux qui manquent du nécessaire" (Salutation aux membres de l'organisation bénévole "J'ai eu soif" 21 mars 2022), le commerce de l'armement trouve un nouveau souffle dans l'aggravation des tensions internationales. (LM) (Agence Fides 23/6/2023)