Kinshasa (Agence Fides) - Les tensions se poursuivent dans l'est de la République démocratique du Congo entre la population locale et les Casques bleus de la Mission de l'ONU en RDC (MONUSCO), après les assauts qui ont commencé le 25 juillet contre les installations de l'ONU à Goma et dans d'autres villes du Nord-Kivu, avec un bilan d'au moins 15 morts : trois Casques bleus et 12 manifestants. Hier, 1er août, la police et l'armée congolaises ont tiré en l'air et lancé des gaz lacrymogènes pour disperser au moins une centaine de personnes qui avaient tenté de prendre d'assaut la base de la MONUSCO à Beni.
Après avoir été dispersés, les manifestants ont paralysé la ville avec des barrages routiers érigés sur les principales artères, empêchant la circulation des véhicules et des motos. Dans la province voisine du Sud-Kivu, des dizaines de manifestants qui tentaient de bloquer la route d'Uvira à Sange ont été dispersés par les forces de sécurité.
La Conférence Episcopale Congolaise (CENCO) dans une déclaration signée par son Président, Son Excellene Mgr Marcel Utembi Tapa, Archevêque de Kisangani, déclare "comprendre la colère du peuple congolais" face aux limites de l'armée congolaise et de la MONUSCO face à l'insécurité qui frappe l'est de la RDC depuis plus de 20 ans. Cependant, la CENCO condamne fermement tout recours à la violence". "Manifester pacifiquement est un droit reconnu à tout citoyen par les accords internationaux et la Constitution de la République démocratique du Congo." "En revanche, le recours à la violence ou au pillage constitue un acte qui ne peut qu'amplifier ou perpétuer le mal ainsi que la souffrance des populations", indiquent les Évêques, qui demandent une enquête sur ces incidents.
L'évêque de Butembo-Beni, Son Excellence Mgr Melchisédech Sikuli Paluku, qui a rencontré la population de Butembo en plein soulèvement, a déclaré dans une interview accordée à une radio catholique que " nous pouvons aussi imaginer le pire ". Quand le verre est plein, il ne serait pas étonnant qu'un jour nous voyions toute la ville se révolter, y compris les personnes les plus insoupçonnées". "La population ne devrait pas être forcée de subir cela", déclare Mgr Paluku, suggérant un accord entre l'ONU et l'État congolais.
Les manifestants accusent la MONUSCO d'être inefficace pour contenir la violence causée par les groupes armés qui font rage dans l'est de la RDC. Il est un fait que depuis 2006, date du déploiement de la force de l'ONU, le nombre de groupes armés dans la région est passé de quelques dizaines à 120. La MONUSCO est composée de 14 000 militaires et coûte 1 milliard de dollars par an.
(L.M.) (Agence Fides 2/8/2022)