Karachi (Agence Fides) - « Nous demandons aux autorités du gouvernement du Sindh, aux fonctionnaires de police et à la magistrature justice et procès équitable ainsi que des mesures sévères destinées à bloquer la vague croissante d'enlèvements et de conversions et mariages forcés de jeunes filles appartenant aux minorités religieuses du Pakistan. En ce moment, les citoyens des minorités ne se sentent pas en sûreté et ne se considèrent pas comme disposant de l'égalité des droits ». C'est ce qu'indique, dans un message envoyé à l'Agence Fides, S.Em. le Cardinal Joseph Coutts, Archevêque de Karachi, intervenant à propos du cas de la jeune catholique Arzoo Raja, enlevée, convertie à l'islam et contrainte à se marier avec un musulman à Karachi (voir Fides 21, 22 et 24/10/2020).
Le Père Saleh Diego, Vicaire général de l'Archidiocèse de Karachi et Président de la Commission diocésaine Justice et Paix, a conduit une manifestation de plus de 300 personnes – chrétiens, hindous et musulmans – à l'entrée de la Cathédrale Saint Patrick en date du 28 octobre. Le Père Diego a déclaré : « Nous demandons justice pour la mineure Arzoo Raja, qui n'a que 13 ans. L'ordonnance du tribunal qui a de facto légitimé l'enlèvement a attristé la communauté chrétienne du Pakistan. Selon cette ordonnance, la jeune fille devra cohabiter avec son ravisseur et la police assurera leur protection ». Le Père Diego indique : « La jeune fille enlevée se trouve déjà en compagnie de son ravisseur depuis deux semaines et le tribunal a délibéré en faveur de ce dernier ce qui est terrible. Pour lui rendre justice, nous ferons tous les efforts possibles ».
Arzoo Raja a été enlevée le 13 octobre dernier par un musulman dénommé Ali Azhar, qui habitait dans les environs de l'habitation de la jeune chrétienne. Le jour même de l'enlèvement, la jeune fille s'est convertie à l'islam et s'est mariée avec lui.
L'ordonnance du tribunal, émise le 27 octobre, affirme qu'Arzoo Fatima (le nom musulman) est signataire et consentante auprès de la Cour. La décision mentionne également le fait qu'elle était initialement de religion catholique mais que, au fil du temps, elle aurait réalisé que l'islam est la religion universelle et a demandé à ses parents et à d'autres membres de sa famille d'embrasser l'islam, ce qu'ils ont catégoriquement refusé de faire. Arzoo Raja a par la suite accepté l'islam de sa propre et libre volonté et contracté un mariage avec un musulman, Ali Azhar, son ravisseur.
La même ordonnance invite la police à n'effectuer aucune arrestation en rapport avec la plainte déposée au sens de l'article 364-A du Code pénal pakistanais – enlèvement de personne de moins de 14 ans – lui faisant même l'obligation de protéger la jeune femme à peine mariée.
Shema Kirmani, une activiste musulmane des droits fondamentaux, a déclaré à Fides : « Nous condamnons fermement de tels actes qui sont accomplis au nom de la religion. Aucune religion ne permet de contraindre quelqu'un à se convertir et à se marier avec son ravisseur. Il s'agit d'enlèvement et de viol ». Elle ajoute par ailleurs : « Selon le Child Marriage Act de la province du Sindh, il n'est pas possible de permettre de se marier à moins de 18 ans. Les autorités doivent arrêter et punir les coupables ».
Ghazala Shafiq, activiste chrétienne pour les droits fondamentaux et les droits des femmes, dans le cadre d'un entretien accordé à Fides remarque : « Cette ordonnance du tribunal accepte la conversion forcée d'Arzoo Raja, une jeune de 13 ans. Le juge n'a pas même demandé de certificat de naissance pour démontrer son âge et ne lui a pas permis non plus de rencontrer ses parents. Il s'agit d'un ordre injuste dans le cadre duquel n'est pas accordée de priorité aux documents présentés par les parents lesquels démonte l'âge réel de la jeune fille ». (AG-PA) (Agence Fides 29/10/2020)