Bagdad (Agence Fides) – « A cause des 12 années d’embargo international, le peuple irakien a été très appauvri », déclare le Père Nizar Semaan, du Diocèse de Ninive, qui décrit à l’agence Fides la situation économique de son Pays.
« Ceux qui ont souffert le plus pendant ces 12 années, ont été les classes moyennes et pauvres, et, dans ces dernières années, elles ont connu une pauvreté extrême ».
Le Père Nizar dresse la liste des catégories sociales les plus touchées par l’embargo : retraités, fonctionnaires, ouvriers qui, par exemple, ne pouvaient manger de la viande que tous les quinze jours… Mais, à présent, tout cela est terminé, et il faut penser seulement à l’avenir. Il n’est pas dans le caractère des chrétiens de pleurer sur le passé ; nous regardons de l’avant parce que nous sommes remplis d’espérance. Pour cela, je voudrais que la conscience du monde se réveille pour relever de l’indigence les Irakiens ».
Le Père Semaan trace un cadre précis de la situation actuelle : « Les retraités et les fonctionnaires qui vivaient de leur salaire, ne reçoivent plus rien depuis deux mois ; on peut ainsi imaginer quel est leur drame. Il faut se souvenir que la famille irakienne est très nombreuse, et qu’un seul salaire sert à faire manger plusieurs personnes. Les ouvriers, 40% environ de la population, ne travaillent plus depuis trois mois avant la guerre ».
Pour les chrétiens « dans les petits villages chrétiens autour de Mossoul, on a vu se créer des formes extraordinaires de solidarité. Les chrétiens partagent entre eux tout ce qu’ils ont pour permettre à tous de continuer à vivre de manière digne. La Caritas, qui joue un rôle important dans le Pays, coordonne cette solidarité spontanée ».
Le Père Semaan lance un appel en faveur des Irakiens : « Je m’adresse à tous les chrétiens du monde et en particulier aux organisations ecclésiales, pour qu’elles apportent des aides aux chrétiens irakiens. Je suis prêt également, si cela est nécessaire, à accompagner personnellement les convois humanitaires qui iraient vers des villages habités par des chrétiens. Il est important que, dans des moments aussi difficiles, les chrétiens d’Irak se sentent soutenus avec force par leurs frères étrangers ».
Le moment de difficulté que vivent les Irakiens est témoigné aussi par l'épidémie de choléra qui frappe Bassora, la deuxième ville d’Irak. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, dans le seul hôpital pédiatrique de la ville, sur les 200 malades qui sont hospitalisés chaque jour, 90% sont atteints de diarrhée. L’OMS dénonce aussi les conditions précaires des hôpitaux de la ville. En particulier, les laboratoires d’analyse ne sont pas mesure de fonctionner, parce que tout le matériel a été pillé. (L.M.)(Agence Fides, 9 mai 2003, 39 lignes, 492 mots)