Bhopal (Agence Fides) – « Il est urgent de mettre un terme aux violences ciblées à l’encontre des chrétiens ». Tel est l’appel adressé par les responsables chrétiens au Premier Ministre du Madhya Pradesh, Shivraj Chauhan, et à tous les responsables politiques indiens. Ainsi que l’a appris l’Agence Fides, l’appel a été lancé au cours d’un séminaire interreligieux tenu ces jours derniers à Bhopal, au Madhya Pradesh, dans le centre de l’Inde, séminaire qui portait principalement sur le thème de la paix et de l’harmonie nationale et auquel ont pris part des responsables hindous, chrétiens, musulmans et d’autres religions.
Les responsables présents ont rappelé le grand nombre d’épisodes de violence intervenus contre la communauté chrétienne en 2017, en particulier dans l’Etat du Madhya Pradesh. Selon un rapport envoyé à Fides par l’organisation chrétienne Evangelical Fellowship of India (EFI), l’année 2017 a été l’une des plus traumatisantes pour les chrétiens en Inde, avec au moins 351 cas de violence au cours de l’année, sachant qu’il s’agit, rappelle l’EFU, des seuls cas d’incidents ayant fait l’objet d’un dépôt de plainte.
Alarmés par le grand nombre d’épisodes de violence à l’encontre des minorités religieuses en 2017, les responsables religieux hindous et musulmans ont demandé au gouvernement « d’entreprendre des actions rigoureuses et urgentes à l’encontre des groupes responsables de ce chaos ». Le responsable hindouiste Acharya Maharaj et le responsable musulman Shahar Quazi Mohammad Ishrat Ali ont dénoncé « des forces extrémistes qui prennent pour cible les chrétiens et autres groupes vulnérables ». L’Evêque d’Indore, S.Exc. Mgr Chacko Thottumarickal, a présenté pour sa part un mémorandum, cosigné par tous les autres responsables, qui devra être soumis aux responsables politiques du Madhya Pradesh ainsi qu’au niveau fédéral.
Le mémorandum, parvenu à Fides, dresse une liste des incidents tels que la détention d’enfants sous le prétexte de freiner les conversions ; l’irruption de militants hindouistes lors des réunions de prière ; la violence gratuite envers les croyants, sachant que ces actes sont enregistrés avec une implication croissante de la police dans ce type d’actions.
Selon la All India Catholic Union (AICU), « dans différents Etats de l’Inde, tels que le Madhya Pradesh, des lois qualifiées de lois sur la liberté de religion, sont habituellement utilisées comme bouclier pour troubler ou se livrer à des abus à l’encontre des communautés minoritaires. De telles lois doivent être abrogées ».
Lancy D. Cunha, Président national de l’AICU, note pour Fides : « Nous critiquons l’abus croissant de symboles religieux dans le discours politique et nous invitons les chefs religieux à éduquer leurs communautés et les citoyens à renforcer les traditions démocratiques, y compris la liberté religieuse et les droits fondamentaux, la libre participation aux élections, l’éthique dans le milieu politique et à ne pas inciter à la violence ou à la polarisation de la société ». L’AICU – le plus grand et le plus ancien mouvement de laïcs chrétiens du pays – se déclare « profondément préoccupé par l’incapacité du gouvernement à condamner et à contenir les menaces contre la liberté d’expression dans le pays », réaffirmant son engagement « en faveur de la défense des droits des dalits et des populations tribales, en particulier ceux qui professent la foi chrétienne ». (SD) (Agence Fides 21/02/2018)