AFRIQUE / ZIMBABWE - « Nous avons permis à la culture de la violence de rester chez nous depuis le temps de la guerre de libération » déclarent les dirigeants chrétiens du Zimbabwé à l’occasion des 25 ans d’indépendance du Pays

lundi, 18 juillet 2005

Harare (Agence Fides) - La violence a établi sa demeure chez nous », déclarent les chefs des Eglises chrétiennes du Zimbabwé dans un Message publié à l’occasion du 25° anniversaire de l’indépendance du Pays. « Nous sommes désormais habitués aux vols violents toujours plus fréquents dans nos villes et nos villages. Le Message s’intitule : « un appel à la conscience ». Le Zimbabwé est en proie à une grave crise sociale, politique et économique, aggravée récemment par l’opération « restaurer l’ordre ».
La violence est non seulement physique mais aussi morale : « nous connaissons les difficultés que rencontrent les personnes pour obtenir des aides des services publics. Cela aussi est une forme de violence. Nous savons que le SIDA se répand chez nous parce que les hommes abusent des femmes, des jeunes filles spécialement. Cela aussi c’est de la violence. Et il y a aussi une grande pratique de la violence par les fonctionnaires, par les hommes politiques, pour obtenir ce qu’ils veulent. Nous avons permis à la culture de la violence de rester chez nous depuis le temps de la guerre de libération ».
« En réfléchissant sur nos 25 ans d’indépendance, nous sommes conscients que les valeurs avec lesquelles nous vivons ne sont pas du tout celle auxquelles nous aspirions pendant la lutte pour l’indépendance. Des discours, à cette époque, exaltaient l’idée de liberté. Cela veut dire égalité face à la loi, des chances égales d’accès à l’éducation, au travail, à l’habitation, à la terre ; la possibilité de s’associer avec d’autres ; la participation au pouvoir de décider, et à la production. La réconciliation a été proclamée entre les vieux ennemis. Il y avait l’euphorie et une atmosphère semblable à celle d’une fête de mariage ».
Les auteurs du document déclarent toutefois que l’on a obtenu des résultats positifs notamment dans le domaine de l’éducation où « le programme de construction scolaire des années 1980 a été vraiment impressionnant. De même aussi, les services sanitaires ont été renforcés : on a construit des hôpitaux, et le personnel médical venu de l’étranger, de Cuba en particulier, a comblé le manque de personnel local. Nous avons aussi amélioré les routes et la distribution de l’électricité dans plusieurs régions rurales ».
« Aujourd’hui, les conquêtes des années 1980 sont en ruine, ainsi que les nobles sentiments de ce temps. La réalité de nos maisons et de nos écoles, de nos hôpitaux et des bâtiments publics, est d’une décadence décourageante. Notre argent perd de sa valeur entre le moment où il entre dans nos poches et le moment où il en sort pour le dépenser. Des familles du Pays ne pensent seulement qu’à pouvoir trouver le prochain repas. Les plans pour l’avenir sont un luxe à oublier », déclarent les chefs religieux.
Pour sortir de cette situation, les dirigeants chrétiens rappellent que l’espérance chrétienne découle du fait que « Jésus de Nazareth est le Seigneur de l’histoire. Le gouvernement doit remplir son rôle pour consolider le bien commun, et les Eglises doivent intensifier leurs efforts pour propager les enseignements sociaux fondés sur l’Evangile, pour la construction de la paix et de la nation ». (L.M.)
(Agence Fides, 18 juillet 2005, 43 lignes, 564 mots)


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