AFRIQUE / GUINEE-BISSAU - Désordres après les résultats du premier tour des élections présidentielles : des morts et des blessés. « La Police utilise encore les vieilles méthodes de la culture stalinienne, et n’est pas équipée pour maintenir les manifestants sans recourir à la force meurtrière »

lundi, 27 juin 2005

Bissau (Agence Fides) - « C’est un comportement schizophrène » : telle est la réaction d’un observateur local à Bissau, pour définir l’attitude du Parti de Renouveau Social (PRS), le parti de l’ancien Président Kumba Yala, arrivé en troisième place au premier tour des élections présidentielles du 19 juin, et qui est donc exclu du deuxième tour, trois semaines plus tard, qui opposera les deux premiers candidats : M. Malam Bacai Sanha, et M. Joao Bernardo Vieira.
« Les représentants du Parti de M. Kumba Yala dans la Commission électorale indépendante n’ont pas protesté, à ce qu’il paraît, quand la Commission a décrété la victoire des deux autres candidats. Mais aussitôt après, les membres du parti sont descendus dans la rue, en déclarant que M. Kumba Yala était arrivé en première place. Il a lui-même déclaré qu’il avait remporté le premier tour avec 38% des voix.
A Bissau, les manifestants se sont heurtés à la police, et il y a eu 4 morts. « J’ai vu personnellement les affrontements. Les manifestants, en réalité n’étaient pas nombreux, une centaine environ. Malheureusement, il y avait peu de policiers pour contrôler la situation, et ils n’avaient que des armes à feu. Les policiers ont été agressés et ont tiré en touchant plusieurs personnes.
« Le problème, c’est qu’il y a encore en service d’anciens agents de police qui avaient été formés en Tchécoslovaquie communiste. Ils n’ont donc pas une formation appropriée pour contrôler une manifestation de l’opposition. Ils ont été endoctrinés selon la manière soviétique, et donc, ceux qui protestent sont des ennemis à abattre… Il faut donc que les Pays occidentaux apportent des aides également pour former, selon des critères modernes et dignes d’un Etat démocratique, les forces locales de l’ordre.Il faut aussi aider le pays à se doter de moyens pour compter plus rapidement le nombre des votes. En effet, annoncer les résultats avec 10 jours de retard engendre des rumeurs et crée l’appréhension dans la population sur la possibilité de fraudes, même si, probablement, il s’est agi d’un problème d’insuffisance de structures pour calculer les votes et les vérifier ».
« Les derniers événements montrent une fois encore les divisions ethniques du pays. J’ai parlé en effet avec des personnes de l’ethnie des Balantes, celle de M. Kumba Yala, et elles m’ont dit que, maintenant qu’il avait été exclu du deuxième tour, elles ne savaient plus pour qui voter. Malheureusement, le sens de l’appartenance nationale et républicaine a du mal à passer sur les anciennes divisions ethniques ». (L.M.)
(Agence Fides, 27 juin 2005, 36 lignes, 465 mots)


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