ASIE / SRI LANKA - Préoccupation dans l’Eglise du Sri Lanka en raison du document anti-conversions qui doit passer à l’étude au Parlement

jeudi, 28 avril 2005

Colombo (Agence Fides) - Les différentes communautés chrétiennes du Sri Lanka, dont l’Eglise Catholique, sont sérieusement préoccupées par le document anti-conversions qui doit passer bientôt à l’étude du Parlement. Il s’agit d’une mesure qui, si elle est approuvée, modifiera radicalement l’attitude et les rapports entre les communautés religieuses du pays, menaçant la liberté de conscience et de religion, et les droits de l’homme, comme l’explique à l’agence Fides une source de l’Eglise locale.
Paradoxalement, note notre source, la loi, qui devrait être examinée et être soumise au vote dans les prochains jours, est présentée comme une mesure pour défendre la liberté religieuse, mais ses effets sont tout à fait opposés. En pratique, la mesure rend illégale la conversion personnelle, d’une religion à une autre en toutes circonstances, et peut être considérée comme « non morale » et illégale. La loi prévoit des peines lourdes comme une amende de 5.000 dollars et même jusqu’à 7 ans de prison. Le pouvoir de discrétion est laissé à un magistrat qui devrait décider si le changement de religion d’une personne est illégal, obtenu par la tromperie ou le prosélytisme. Et précisément, ce concept de prosélytisme préoccupe beaucoup l’Eglise locale ; c’est ainsi en effet que l’on définit les simples activités de charité ou de solidarité faites par des prêtres, des religieux, des fidèles, des institutions catholiques, et même par des organisations non gouvernementales d’inspiration chrétienne.
La mesure a été proposée par les neuf moines bouddhistes qui ont été élus au Parlement du Sri Lanka ; ils sont membres du « Jathika Hela Urumaya », parti bouddhiste à tendance fondamentaliste qui avait déjà présenté le projet l’an passé. La Cour Suprême du Sri Lanka avait déclaré « inconstitutionnelle » la mesure dans plusieurs de ses parties. Malgré cela, le projet de loi a été présenté à nouveau au Parlement, sans modifications substantielles.
Le gouvernement du Sri Lanka et sa Présidente, Madame Chandrika Kumaratunga, ont laissé aux parlementaires la liberté de conscience dans le vote. D’après les observateurs, la Présidente n’a pas voulu se faire des ennemis dans les partis bouddhistes, par opportunisme politique. Cela veut dire que, selon toute probabilité, la mesure sera approuvée, étant donné que 80% des parlementaires sont bouddhistes.
Les Evêques du Sri Lanka s’étaient déjà exprimés l’an dernier avec clarté, en disant qu’ils étaient tout à fait contraires à cette mesure. Dans un communiqué publié récemment, ils rappellent leur position, en mettant en garde contre le véritable attentat contre les libertés fondamentales de la personne, que cette loi perpétrerait. (P.A.)
(Agence Fides, 28 avril 2005, 36 lignes, 437 mots)


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