ASIE/PAKISTAN - Commentaires du Président de la Commission Justice et Paix de l’Archidiocèse de Karachi à propos du projet de loi du gouvernement en vue de la modification de la loi sur le blasphème

mercredi, 27 mai 2015

Lahore (Agence Fides) – Le gouvernement pakistanais prend des mesures pour mettre un terme à l’abus d’usage des lois sur le blasphème dans le pays. L’exécutif a en effet mis au point un projet de loi qui sera présenté et discuté au Parlement en vue de son approbation.
« Il s’agit d’un important pas en avant – remarque pour l’Agence Fides le Père Saleh Diego, Président de la Commission Justice et Paix et Chancelier de l’Archidiocèse de Karachi. Nous espérons et suivrons le débat au Parlement. Nous savons que différents partis sont favorables à bloquer les usages abusifs de la loi. Mais les partis extrémistes sont encore très forts ». Le Président de la Commission rappelle : « En tant qu’Eglise et en tant que communauté chrétienne au Pakistan, nous demandons depuis des années de mettre en place des mécanismes afin de mettre fin aux abus. Nous avons vu et affronté des cas graves dans le cadre desquels la loi a été manipulée. Il s’agit d’une question de justice, attendu que de nombreux innocents se trouvent en prison. Eviter les abus constituerait un bénéfice pour l’ensemble de la société, pour les citoyens de toutes les religions, musulmans et chrétiens, accusés injustement ». Selon le prêtre, « les pressions de la communauté internationale peuvent être utiles dans ce cas ».
Ainsi que l’a appris Fides, le projet de loi, préparé par le Ministère de l’Intérieur et contrôlé par le Ministère de la Justice, vise à décourager l’usage instrumental de la loi et les fausses accusations, en introduisant des peines sévères pour ceux qui formulent de fausses accusations de blasphème. Le projet de loi viendrait corriger les lacunes procédurales, en introduisant de nouvelles clauses à l’intérieur du protocole à suivre dans les cas de blasphème présumé, dans le but de garantir que personne « ne se fasse justice par lui-même » mais que ce soit les institutions de l’Etat – police et magistrature – à punir les coupables.
Parmi les nouveautés, la nouvelle procédure rendrait nécessaire de démontrer la « mens rea » - mauvaise foi et caractère intentionnel – se trouvant derrière un acte blasphématoire, condition qui est absente aujourd’hui. Cela signifierait qu’une condition pour être accusé serait la volonté précise de commettre le délit, un fait par ailleurs retenu nécessaire également par la décision de la Cour fédérale de la charia de 1990.
Dans un récent rapport, la Human Rights Commission of Pakistan souligne que les abus du recours à la loi sur le blasphème continuent à causer oppression et vexations à l’encontre de citoyens innocents. Actuellement, 14 citoyens pakistanais se trouvent dans le couloir de la mort alors que 19 autres purgent des peines de réclusion à perpétuité pour avoir commis un blasphème. Le nombre des cas enregistrés au cours de ces 25 dernières années – plus de 1.000 – indique que la loi a fait l’objet d’une application amplement abusive, souvent dans le cadre de vengeances personnelles. Par ailleurs, selon un rapport du Centre de recherches et d’études sur la sécurité d’Islamabad, depuis 1990, 52 personnes accusées de blasphème ont été victimes d’exécutions sommaires. (PA) (Agence Fides 27/05/2015)


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