AFRIQUE/EGYPTE - « On navigue à l’aveuglette. Il est difficile de prévoir l’évolution de l’Egypte » indique un missionnaire présent au Caire

Le Caire (Agence Fides) - « On navigue à l’aveuglette. On ne sait pas où ira l’Egypte » déclare à l’Agence Fides le Père Luciano Verdoscia, missionnaire combonien présent au Caire où aujourd’hui des dizaines de milliers de manifestants se sont rassemblés sur la Place Tahrir répondant à un appel lancé par les Frères musulmans. A la manifestation ont adhéré une quinzaine de formations laïques et même coptes.
Parmi les slogans scandés sur la place, se trouvaient : « Islam, Islam, nous ne voulons pas un Etat libéral », « le peuple veut l’application de la Charia », « Islamique, ni occidental, ni oriental » auxquels venaient s’ajouter les slogans relatifs à des revendications politiques comme celle de voir juger l’ancien Président Hosni Moubarak (une requête avancée également par les opposants laïcs au gouvernement de transition placé sous la tutelle des militaires).
« Au cours de ces derniers jours, on a assisté à des affrontements entre jeunes révolutionnaires et un certain nombre de membres de la fraternité musulmane » rappelle le Père Luciano.
« Les jeunes protagonistes de la révolution des mois précédents (qui a porté à la démission le Président Moubarak) voudraient un gouvernement plus démocratique » explique le Père Luciano. « Ces jeunes sont originaires des villes et ils sont en mesure d’utiliser les instruments de communication les plus modernes tels que les réseaux sociaux ». « De l’autre côté – poursuit le Père Luciano – les Frères musulmans ont une capacité organisationnelle qui n’est pas indifférente et surtout ils font appel à l’identité religieuse. Il faut tenir compte du fait qu’une bonne partie de la population égyptienne vit dans des zones rurales. Ces personnes sont privées de culture et leur identité est religieuse ».
« La révolution a été capable d’abattre le système autoritaire de Moubarak mais nous ne savons pas encore clairement ce que deviendra l’Egypte. On navigue à l’aveuglette » conclut le Père Luciano. (L.M.) (Agence Fides 29/07/2011)