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Le Caire (Agence Fides) – « Hier, nous avons assisté sur la place Tahrir à une manifestation imposante. Le mouvement de contestation obtient chaque jour de nouvelles adhésions » déclare à l’Agence Fides le Père Luciano Verdoscia, missionnaire combonien qui œuvre depuis longtemps au Caire. Le prêtre note que la presse elle-même et le système d’information commencent à changer d’attitude : « les journaux et les télévisions ont commencé à publier des accusations contre d’anciens Ministres, faisant émerger la corruption de l’administration. Des accusations, qui demeurent certes à vérifier, ont même été formulées, quant à l’implication de l’ancien Ministre de l’Intérieur dans l’attentat contre l’église copte d’Alexandrie perpétré le 31 décembre.
La corruption et les inégalités économiques sont en effet l’un des principaux motifs de la contestation : « en Egypte, on ne connaît pas la faim mais une pauvreté extrême » explique le Père Luciano. « Le pain est en effet subventionné par le gouvernement. Un pain arabe coûte 5 centimes de lire égyptienne (moins d’un centime d’€uro). Le pain ne manque donc pas aux pauvres ».
Pour comprendre la contestation, affirme le Père Luciano, « il faut se rappeler qu’il s’agit d’une révolution des jeunes, surtout de ceux qui ont un diplôme de l’enseignement secondaire ou supérieur, qui savent utiliser Internet mais n’ont pas la possibilité de trouver un travail digne, adapté à leurs capacités. Si à une personne qui a une maîtrise et parle deux langues, est offert un salaire de 150 €uros par mois, elle ne l’accepte pas. Dans le même temps, certains peuvent avoir des salaires allant de 100 à 200.000 lires égyptiennes (15 à 20.000 €uros) par mois. Il y a des entrepreneurs qui ont obtenu des profits de 10.000% grâce à l’achat et à la vente de terrains, achetant un terrain pour 10 €uros/m2 et le revendant par la suite 5 à 7.000 €uros/m2. C’est ainsi que se créent des inégalités stridentes ».
Le fait que les journaux publient des données sur les accumulations de fonds de la part de Ministres qui ont favorisé les entrepreneurs, lesquels ont réalisé des gains grâce à la spéculation immobilière, représente donc un tournant important. En quelque sort, le régime du Président Mubarak cherche à satisfaire le désir de justice sociale en remerciant les Ministres les plus exposés qui sont désormais inculpés et ne peuvent quitter le pays.
Nous demandons enfin au Père Luciano comment il vit ces événements : « En tant que communauté missionnaire, nous nous interrogeons sur ce que signifie pour nous ce qui se passe, sur la manière d’être prophétiques et de vivre les béatitudes évangéliques dans ce contexte. Nous avons donc décidé de témoigner le désir de justice et de liberté de ce peuple » répond le missionnaire. (L.M.) (Agence Fides 09/02/2011)
