AFRIQUE/EGYPTE - « On est sur le chemin du retour à la normalité même si les manifestations se poursuivent » déclare un missionnaire

Le Caire (Agence Fides) – « La situation semble revenir à la normale même si les manifestations se poursuivent sur la place Tahrir » déclare à l’Agence Fides le Père Luciano Verdoscia, missionnaire combonien qui œuvre depuis longtemps au Caire. Le Père Luciano affirme que « ces jours de contestation ont profondément marqué l’Egypte y compris au plan économique parce que tout le système commercial a été bloqué alors que les entrepreneurs, surtout ceux appartenant au secteur du tourisme, auront du mal à s’en remettre ».
La rencontre d’hier entre le Vice-président égyptien, Omar Suleiman, et les représentants de l’opposition, dont deux leaders des Frères musulmans, n’a pas conduit à un accord parce que les Frères musulmans continuent à demander la démission du Président Mubarak. « Au départ, les Frères musulmans avaient refusé de dialoguer avec le gouvernement parce qu’ils avaient posé comme condition préliminaire la démission du Président Mubarak. Il s’agissait donc d’une rencontre qui n’était pas prévue » déclare le missionnaire. Le Père Luciano exprime une position prudente quant au dialogue : « Il faut voir comment se développent les entretiens entre le gouvernement et les Frères musulmans. Il faut tenir compte du fait que différentes forces prendront part au dialogue : les Frères musulmans ne sont pas les seuls à représenter l’opposition ».
« Il me semble – poursuit le missionnaire – qu’au sein de la société égyptienne prévaut l’opinion qu’aucun groupe ne doit prévaloir sur les autres. Il y a différents groupes sociaux qui ne veulent pas d’un gouvernement islamique : en premier lieu, les personnes liées à Mubarak, les membres de son parti, ceux des forces de sécurité et les entrepreneurs qui ont bénéficié d’importants avantages au cours de ces années. En outre, les jeunes qui manifestent sur la place veulent la démocratie. Les Frères musulmans eux-mêmes affirment vouloir la démocratie et prendre comme modèle la Turquie (où se trouve au pouvoir un parti d’inspiration islamique et démocratique). En outre, diverses tendances sont présentes à l’intérieur même des Frères musulmans, tendances qui vont des plus radicaux à une frange modérée qui affirme vouloir arriver au pouvoir par le biais du processus démocratique. Si une fois arrivés au pouvoir par la voie démocratique, ils établissaient la prééminence des principes islamiques, cela créerait un problème pour les autres composantes de la société égyptienne ».
« Sur la place Tahrir, les chrétiens ont prié et certains quotidiens ont publié des photos où l’on voit des chrétiens brandissant la Bible et les musulmans le Coran comme pour affirmer : « nous sommes un seul peuple ». C’est un beau signe. Nous espérons tous que l’on aille dans cette direction. Nous espérons que cette phase de transition se déroule de la manière la plus indolore possible. Le peuple égyptien a une tradition, une histoire et une culture d’un grand poids. Ce qui est arrivé est un signe de la maturité de cette population » conclut le Père Luciano. (L.M.) (Agence Fides 07/02/2011)