VATICAN - « AVE MARIA » par Mgr Luciano Alimandi - Jésus n’enlève rien et donne tout

mercredi, 2 septembre 2009

Rome (Agence Fides) – Marc 7, 14-23:
14. Et ayant appelé de nouveau la foule près de lui, il leur disait : « Écoutez-moi tous et comprenez !
15. Il n'est rien d'extérieur à l'homme qui, pénétrant en lui, puisse le souiller, mais ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme.
16. Si quelqu'un a des oreilles pour entendre, qu'il entende! »
17. Quand il fut entré dans la maison, à l'écart de la foule, ses disciples l'interrogeaient sur la parabole.
18. Et il leur dit : « Vous aussi, vous êtes à ce point sans intelligence ? Ne comprenez-vous pas que rien de ce qui pénètre du dehors dans l'homme ne peut le souiller,
19. parce que cela ne pénètre pas dans le cœur, mais dans le ventre, puis s'en va aux lieux d'aisance » ainsi il déclarait purs tous les aliments .
20. Il disait : « Ce qui sort de l'homme, voilà ce qui souille l'homme.
21. Car c'est du dedans, du cœur des hommes, que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres,
22. adultères, cupidités, méchancetés, ruse, impudicité, envie, diffamation, orgueil, déraison.
23. Toutes ces mauvaises choses sortent du dedans et souillent l'homme. »

Dans cet enseignement, rappelé Dimanche dernier dans nos églises, Jésus place une fois encore l’accent sur l’importance du caractère intérieur de l’homme, c’est-à-dire sur la dimension du cœur, parce que c’est là que se vit l’existence humaine, faite de joies et de peines, d’espérances et d’inquiétudes. C’est de l’intérieur que chaque homme affronte les choix, petits ou grands, de sa vie, en vivant entre les drames et les succès.
Quelle solitude le cœur de l’homme fait l’expérience s’il ne s’adresse pas à Dieu, quelle lutte inégale avec son égoïsme qu’il ne parvient pas à vaincre, s’il ne s’allie pas avec Lui ! Seul Dieu, en effet, qui l’a créé, peut apaiser ses inquiétudes, et le combler de sérénité, en lui donnant le repos, comme l’écrit Saint Augustin. Mais Dieu, pour « entrer » dans le cœur de l’homme doit trouver un passage ouvert, un sentier préparé à sa venue qui est la plus douce et la plus discrète.
Le Seigneur Jésus est venu pour sauver le « cœur » et le ramener à son innocence originelle que l’homme avait définitivement perdue en se laissant contaminer par son propre orgueil et par la tromperie du Malin. Pour pouvoir exercer sa souveraineté aimante sur nos passions et sur nos égoïsmes, Jésus doit « entrer » dans notre cœur. En effet, il ne rachète pas en surface, et il ne se contente pas d’un culte ordonné extérieurement, mais vide intérieurement. Jésus veut avant tout le cœur. S’il le conquiert par son amour, tout le reste aura son sens, et demeurera ferme : la maison restera ferme parce qu’elle sera fondée sur la roche (cf. Mathieu 7, 24-25)
Tel un Mendiant d’amour, Jésus se tient devant la porte de chaque liberté humaine, et il répète, sans se lasser, les paroles les plus fascinantes : « Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un écoute ma voix et m’ouvre la porte, je viendrai à lui, je mangerai avec lui et lui avec moi » (Apocalypse 3, 20). Pour ouvrir la porte du cœur à Jésus, il suffit d’un seul mouvement qui touche toutes les facultés supérieures de notre âme, qui parte du plus intime de nous-mêmes, et aille vers Lui sans tarder. Cet acte s’appelle la Foi !
Plus l’acte de foi est grand, plus s’ouvre en grand la partie intime de l’homme à la venue de Dieu en lui. Quand nous nous élançons avec foi vers le Seigneur, alors le divin fait irruption dans l’humain, et notre existence, peu à peu, se transforme, parce que là où Dieu entre, rien ne reste comme auparavant ! Là où régnait l’égoïsme, l’amour règnera ; la où demeurait la stupidité, la sagesse trouvera sa place. Le mal, sous toutes ses formes, fera marche arrière pour laisser la place au bien, et la vertu parfumera toujours plus le cœur de l’homme, en éloignant de lui l’odeur nauséabonde des vices.
Le Seigneur veut nous manifester la toute puissance de son amour en agissant précisément sur notre cœur et en le conquérant. Le cœur des saints est le théâtre de la plus belle conquête de Dieu, de la plus grande aventure humaine. Jésus entre dans la vie d’un pauvre pécheur, et il la transforme, en en faisant une merveille aux yeux de tous ; il suffit de penser à la vie de Saint François, de Saint Dominique, ou, avant eux, de la vie de Sainte Monique et de Saint Augustin… Ils sont innombrables les « cœurs » qui se sont laissés conquérir par l’amour de Dieu, et qui sont devenus, à leur tour, comme des aimants vivants pour de très nombreux autres cœurs qui, grâce à eux, ont découvert qu’ils étaient aimés démesurément par le Seigneur.
L’invitation de l’Eglise, par la parole avant tout des Souverains Pontifes, s’adresse donc au cœur de l’homme, et elle est celle de toujours : ouvre-toi au Seigneur Jésus ! Crois en Lui, et convertis-toi à Lui ! Dans la ligne du Serviteur de Dieu Jean Paul II, le Pape benoît XVI, dès le jour de l’inauguration de son Pontificat, renouvelle la même invitation avec une clarté extraordinaire :
« En ce moment, je me souviens du 22 octobre 1978, quand le Pape Jean-Paul II commença son ministère ici, sur la Place Saint-Pierre. Les paroles qu’il prononça alors résonnent encore et continuellement à mes oreilles: «N’ayez pas peur, au contraire, ouvrez tout grand les portes au Christ». Le Pape parlait aux forts, aux puissants du monde, qui avaient peur que le Christ les dépossède d’une part de leur pouvoir, s’ils l’avaient laissé entrer et s’ils avaient concédé la liberté à la foi. Oui, il les aurait certainement dépossédés de quelque chose: de la domination de la corruption, du détournement du droit, de l’arbitraire. Mais il ne les aurait nullement dépossédés de ce qui appartient à la liberté de l’homme, à sa dignité, à l’édification d’une société juste. Le Pape parlait en outre à tous les hommes, surtout aux jeunes. En quelque sorte, n’avons-nous pas tous peur – si nous laissons entrer le Christ totalement en nous, si nous nous ouvrons totalement à lui – peur qu’il puisse nous déposséder d’une part de notre vie? N’avons-nous pas peur de renoncer à quelque chose de grand, d’unique, qui rend la vie si belle? Ne risquons-nous pas de nous trouver ensuite dans l’angoisse et privés de liberté? Et encore une fois le Pape voulait dire: Non! Celui qui fait entrer le Christ ne perd rien, rien – absolument rien de ce qui rend la vie libre, belle et grande. Non! Dans cette amitié seulement s’ouvrent tout grand les portes de la vie. Dans cette amitié seulement se dévoilent réellement les grandes potentialités de la condition humaine. Dans cette amitié seulement nous faisons l’expérience de ce qui est beau et de ce qui libère. Ainsi, aujourd’hui, je voudrais, avec une grande force et une grande conviction, à partir d’une longue expérience de vie personnelle, vous dire, à vous les jeunes: n’ayez pas peur du Christ! Il n’enlève rien et il donne tout. Celui qui se donne à lui reçoit le centuple. Oui, ouvrez, ouvrez tout grand les portes au Christ – et vous trouverez la vraie vie. Amen » (24 avril 2005: Messe solennelle d'intronisation du Pape Benoît XVI, homélie).
(Agence Fides, 2 septembre 2009)


Partager: