AFRIQUE/AFRIQUE DU SUD - Incertitude suite à la démission du Président Mbeki

lundi, 22 septembre 2008

Johannesburg (Agence Fides) - “Incertitude”. C’est le terme qui revient le plus fréquemment dans les analyses et dans les commentaires de la presse sud-africaine depuis la démission du Président Thabo Mbeki. « J’ai été un membre loyal du Congrès national africain (ANC) pendant 52 ans. Je reste un membre de l’ANC et donc je respecte ses décisions. C’est pour cette raison que j’ai pris la décision de démissionner comme Président de la République, suite à la délibération du Comité exécutif de l’ANC » a affirmé Mbeki le 20 septembre, dans son discours par lequel il communiquait à la nation sa démission.
Le Comité exécutif de l’ANC avait révoqué Mbeki de la charge de chef de l’état avec une année d’avance par rapport à l’échéance du mandat régulier, à cause de son implication présumée dans la conjuration organisée pour intenter un procès à Jacob Zuma, chef de l’ANC et son principal rival à l’intérieur du parti (cf Fides 19/12/2007). La cour qui devait le juger ces derniers jours l’a acquitté à cause d’un vice de forme, déclarant par ailleurs que la politique avait tenté de conditionner l’action judiciaire.
Le mandat de Mbeki serait arrivé à échéance en avril 2009 et l’ex-président, selon la Constitution, n’aurait pas pu se représenter pour en obtenir un autre. Sur la base de la Charte constitutionnelle, le gouvernement devrait aussi démissionner. On prévoit au contraire de nommer un président ad interim, probablement Mbeleta Mbete, proche de Zuma, pour permettre au gouvernement actuel de rester en place, même si un remaniement gouvernemental est prévisible pour remplacer les ministres proches du président démissionnaire.
Les experts en politique sud-africaine ainsi qu’une bonne partie de la presse locale s’interrogent sur l’opportunité de contraindre le président à la démission à quelques mois de l’échéance de son mandat. Beaucoup affirment que le parti au pouvoir a fait passer avant l’intérêt général du pays l’intérêt particulier de ses dirigeants.
Les critiques soulignent que pendant que les chefs de l’ANC concentrent leurs énergies sur une vengeance interne, le pays doit faire face à de sérieux problèmes qui nécessitent une forte intervention de l’Etat et de la classe dirigeante : chômage, criminalité sans scrupule, diffusion du SIDA. En toile de fond, il y a toujours les mondiales de foot de 2010, un évènement sur lequel l’ex-président avait parié pour présenter une Afrique du Sud renouvelée, capable d’attirer les investissements étrangers.
Selon les analystes, avec la démission de Mbeki, s’ouvre une période d’incertitude qui risque de freiner l’action du gouvernement. On craint en particulier une augmentation des divisions à l’intérieur de l’ANC, et même une scission du groupe qui fait référence à Mbeki.
Cependant la démission de Mbeki est aussi un signe positif : c’est rare qu’en Afrique un président démissionne en l’espace de quelques heures après avoir été désavoué par son parti (qui dispose d’une large majorité au Parlement). Sous cet angle c’est un acte qui inspire confiance dans la démocratie sud-africaine. Désormais c’est aux dirigeants de l’ANC de conduire le pays aux prochaines élections en faisant preuve de responsabilité. (L.M.) (Agence Fides 22/9/2008 lignes 39 mots 516)


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