Bunia (Agence Fides) – « La nourriture et les médicaments commencent à manquer, la ville devient toujours plus invivable », déclare à l’Agence Fides un prêtre local de la ville de Bunia, qui se trouve être depuis des jours au centre de violents combats entre milices Lendu et Hema. « La situation pour le moment est calme, après les combats qui ont eu lieu il y a trois jours. Mais la situation humanitaire se détériore de jour en jour. Les marchés et les commerces sont fermés et les gens ne savent plus où aller pour acheter de quoi manger. Ceux qui se sont enfuis dans la forêt ne peuvent retourner à Bunia dans ces conditions. Malheureusement, les violences se poursuivent. Tous les jours, il arrive des nouvelles de massacres dans les villages autour de Bunia. C’est pourquoi nous craignons la reprise des combats dans la ville ».
Jusqu’au mois d’avril, Bunia était sous contrôle des troupes ougandaises, qui se sont retirées sur la base des accords avec le gouvernement congolais. Leur place a été prise par des rebelles Hema et Lendu, deux groupes ethniques qui se disputent le contrôle des terres. Les Hema sont des pasteurs et les Lendu des agriculteurs. La rivalité traditionnelle entre les deux ethnies a été alimentée par les Ougandais qui, à partir de 1999, ont armé les deux factions, selon le principe de diviser pour mieux commander.
« La force de paix des Nations-Unies au Congo (MONUC) a déployé 700 hommes dans la région de Bunia, mais jusqu’à présent son action son action a été peu efficace, parce que les Casques Bleus sont trop peu nombreux. Il faut une force plus importante, avec un mandat clair du Conseil de Sécurité de l’ONU pour diviser les belligérants et mettre fin aux combats. La France a déjà déclaré qu’elle était disposée à envoyer des troupes. Nous espérons qu’elles arrivent rapidement et contribuent vraiment à apporter la paix ».
A Bunia, dans les dernières semaines, des centaines de personnes ont été tuées, dont trois prêtres. Dans la nuit du mardi 6 au mercredi 7 mai, le Père Raphaël Ngona a été tué chez lui, et, le 11 mai, les rebelles ont tué deux prêtres congolais dont les corps mutilés ont été retrouvés dans les locaux de la paroisse de Nyakasanza. Il s’agit du curé, le Père François Xavier Mateso, et le Père Aimé Ndjabu. Le Père Ndjabu a été égorgé dans sa chambre, et le Père Mateso a été abattu près de la paroisse. Dans les locaux de l’église, plusieurs dizaines de personnes s’étaient réfugiés, et 48 d’entre elles ont été massacrées. Deux membres de la MONUC ont été trouvés sauvagement assassinés le 19 mai.*
Le conflit entre Hema et Lendu a fait 50.000 morts jusqu’à présent, sur les 3c millions de morts de la guerre au Congo. (L.M.)(Agence Fides, 22 mai 2003, 36 lignes, 488 mots)