EUROPE-Un itinéraire de mort

jeudi, 10 avril 2008

Rome (Agence Fides) - Il peut se passer beaucoup de temps avant que n’arrive la mort. Parfois quelques dizaines de minutes. Des sursauts. Cela dépend de la résistance individuelle et d’un ensemble de techniques particulières, dont l’une est déterminée par le fait que du sac de plastique qui couvre la tête et est noué au cou, ne pénètre pas même un filet d’air. On meurt par suffocation, quand il n’y a plus d’oxygène dans les poumons. Seulement de l’hélium. C’est arrivé en Suisse, ces jours derniers. Quatre personnes ont été filmées tandis qu’elles mettaient en pratique leurs propositions suicidaires, assistées par Dignitas, qui, comme elle fait toujours, a produit aussi un petit film sur ces morts, envoyé au parquet fédéral pour prouver qu’aucun crime n’avait été commis.
L’article 115 du Code pénal suisse sanctionne la peine de ceux qui incitent ou aident quelqu’un à se suicider, s’ils sont poussés par un mouvement de nature égoïste, qui leur apporte un avantage, comme par exemple un héritage. Ce qui signifie que si le mouvement est différent -par exemple si c’est le suicidé lui-même qui demande de l’aide pour mourir- ils ne sont pas poursuivis par la loi pénale. La disposition n’a, à l’origine, aucun lien avec la profession médicale ni avec le malade en phase terminale, mais a été utilisée aussi pour mettre en acte des comportements euthanasiques. L’aide au suicide passif n’est autorisé que si le patient effectue seul le geste final. Personne ne peut l’inciter à boire, ni à dépasser la dose. En effet, habituellement, l’aide au suicide est donnée avec le pentobarbital sodique, un stupéfiant pour lequel il faut une prescription médicale. L’usage de l’hélium est plus expéditif, ne requière pas de s’adresser à un médecin et peut être acquis librement.
Il semble que la technique de l’hélium ait été mise au point aux Etats-Unis, par Derek Humphry, membre du Final Exit-Network, qui en 1992 a diffusé un manuel contenant les indications pour se tuer (« Euthanasie : sortie de sécurité ») et récemment a publié le volume intitulé « Libres de mourir », dans lequel il écrit que le temps facilitera la reconnaissance de la liberté de mourir : « Avec la disparition de ces générations qui ont traversé les barbaries du vingtième siècle, ses deux guerres mondiales, les bombes atomiques, les génocides, les dévastations de l’environnement et ses styles de vie irrespectueuses de l’environnement, les nouvelles générations seront capables de considérer les décisions sur la mort avec plus de bon sens et de compassion ».
La Suisse accepte aussi les malades venant de l’étranger : 195 ont été aidés au suicide en 2006, dont 120 allemands, 26 britanniques et les autres de nationalité variées. Les suisses étaient 15. Deux allemands ces mois derniers ont été filmés tandis qu’ils se suicidaient dans leurs voitures sur un parking à Maur, près de Zurich, parce que Dignitas n’avait pas réussi à trouver un lieu fermé disponible.
Le dernier mois de décembre, la Conférence des évêques Suisses (CVS) a exprimé son inquiétude concernant l’activité des organisations d’aide au suicide : « le rapport avec la mort est déterminant pour la vie en société et pour la qualité humaine de la société » ont dit les évêques.
Le suicide assisté est aussi dépénalisé en Espagne et en Suède, légal dans l’Oregon, aux Pays-Bas, en Belgique. Des dizaines d’organisations et d’associations privées diffusent dans leurs pays la culture suicidaire et euthanasique. Elles sont présentes en Israël, en Inde, au Japon, au Zimbabwe, en Afrique du Sud, en Australie, en Nouvelle Zélande, au Canada, aux Etats-Unis, en Colombie. En Europe (Belgique, Finlande, France, Allemagne, Luxembourg, Hollande, Norvège, Royaume-Uni, Suisse, Suède, Italie), elles sont innombrables. C’est un itinéraire de mort, qui prolifère, secondé d’un côté par l’inertie de l’Europe, qui ne produit pas d’orientations claires et responsables sur la réglementation de l’euthanasie et du suicide assisté, et de l’autre, par cette culture laïciste qui tend à déprécier la sacralité de la vie humaine, et qui, comme c’est le cas en Italie ces jours-ci, propose comme premiers actes de la nouvelle législature l’approbation de lois sur le testament biologique qui constituent de fait l'usbergo à l’euthanasie. (S.G.) (Agence Fides 10/4/2008; lignes 46, mots 687)

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