EUROPE - La perspective éthique du développement humain

mercredi, 9 avril 2008

Rome (Agence Fides) - Les classes dirigeantes et politiques européennes regardent le continent africain soit comme un lieu où il y a de fortes opportunités d’investissement pour les entreprises -suivant la logique du marché, comme on l’entend en Europe- soit comme lieu où l’on doit faire de l’assistanat, peut-être pour amender leur sentiment de culpabilité. Elles le proclament de façon claire dans leurs déclarations publiques, dans leurs programmes de gouvernement, dans les rencontres bilatérales et de partenariat, dans les assises organisées par les Institutions internationales, qui naturellement secondent volontiers des intentions de ce type. Elles assument ainsi une responsabilité encore plus grande quant aux terribles séquelles laissées par la colonisation et la décolonisation qui a suivi, car elles traitent du thème le plus important de l’époque moderne, celui du sous-développement et du retard économique de vastes zones de la planète, en éludant le problème central.
Chaque fois que l’on discute de l’aide à apporter aux pays pauvres, on parle toujours et seulement d’argent, comme si le sous-développement était dû seulement au manque d’argent, et non au manque de liberté et donc de culture et d’éducation du peuple, à des structures sociales (santé, emploi, prévoyance) inadaptées, au manque de personnel préparé, à tous les niveaux, d’écoles, de médecins, de techniciens professionnels et capables. Au manque de tout.
Toutes proportions gardées, la logique africaine - caractérisée par la pauvreté extrême, par les luttes tribales, par les guerres et par la diffusion endémique des maladies, produites par l’insuffisance des produits de base (nourriture, eau, services médicaux et d’hygiène), et par l’utilisation honteux de ce « marché » par l’Occident, qui contribue à répandre la drogue, des armes et des déchets industriels- est analogue à celle proposée aux peuples qui vivent dans le Sud de l’Europe.
D’une part le sous-développement et la pauvreté extrême, de l’autre les besoins de masses de plus en plus grandes d’hommes et de femmes qui survivent en dessous du seuil de pauvreté. Ce sont eux les oubliés de la société du bien-être, qui pour la plupart se trouvent, au troisième millénaire, dans la même situation socio-économique que cette population migrante, que l’Europe civile prive de son identité, ne sait ni accueillir ni intégrer.
Le nœud de la question est que la pauvreté extrême, la lutte pour la survie et le malaise social sont des phénomènes humains, et qu’en tant que tels, ils sont d’abord des phénomènes moraux et donc éthiques. Si l’on regardait ces phénomènes dans cette perspective -la perspective éthique du développement humain- on comprendrait que l’argent et les discours autour de l’argent, les proclamations sur la lutte contre la pauvreté, qui d’ailleurs déçoivent toujours, ont beaucoup moins d’importance que l’exigence de savoir, de connaissance, de culture, d’éducation, de formation et surtout de spiritualité. Quand ces exigences et ces besoins ne sont pas exprimés, il arrive, et cela devrait être pris en compte, que leur nécessité se révèle plus forte et plus profonde.
De génération en génération au contraire, la politique européenne laisse l’humanité souffrante, partout où elle se trouve, au Soudan ou dans n’importe quel pays du Sud de l’Europe, vivre de sa souffrance. Innocente et résignée. Privée de sa dignité.
Du reste, il faut aussi considérer que si la culture et la politique européennes devaient se fixer l’objectif d’une formation à caractère éthique, il faudrait admettre comme présupposé, comme requis indissociable, une racine profonde, chrétienne. Or ce sont cette même culture et cette politique européennes qui, en niant cette racine, se rendent totalement incapables de proposer un modèle valable et nécessaire pour l’humanité. (S.G.) (Agence Fides 9/4/2008; lignes 42, mots 582)


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