EUROPE/ITALIE - Identité et genre : interview du Dr Roberto Marchesini

jeudi, 20 décembre 2007

Rome (Agence Fides) - L’Agence Fides a posé quelques questions au Dr Roberto Marchesini, psychologue et psychothérapeute, auteur du libre “Comment choisir son orientation sexuelle (ou vivre heureux)”, et collaborateur du périodique “Il Timone”.
Dans votre livre traitant des thèmes de l’identité de genre, vous semblez évoquer une anthropologie dite du « sens commun ». Pouvez-vous expliquez ce que vous entendez par là ?
Les hommes partagent un ensemble de croyances à propos de la réalité et un ensemble de principes. Cet ensemble de certitudes et de principes prend le nom de « sens commun », parce qu’il est le fruit en l’homme de l’évidence de l’existence de la réalité et des liens qui manifestent l’existence d’un ordre. Au sens commun s’opposent toutes les philosophies du « doute » qui suspendent tout assentiment à tout ce qui n’est pas le fruit d’une réflexion critique, qui joue ainsi un rôle fondamental. Une anthropologie du « sens commun » est donc une réflexion philosophique sur l’homme qui se pose comme objectif de donner un fondement rationnel aux certitudes qui se présentent avec évidence sur ce sujet. Il s’agit d’avoir en substance une attitude d’humilité à l’égard de la réalité, et de la réalité humaine en particulier ; une attitude contemplative face à ce qu’est l’homme. Certes, ce serait plus facile de partir d’une idée étudiée « sur table », belle, alléchante, sur ce que l’homme « devrait être » ; mais la science a le devoir d’expliquer comment est et fonctionne la réalité, et non de dire comment elle devrait être et fonctionner, selon nos désirs et nos projets.
Une partie de la science et les organismes internationaux semblent ne pas tenir compte de l’ordre naturel du monde. Qu’en pensez-vous ?
En effet, d’après les feed-back que je reçois surtout de l’environnement scolaire, il semble que pour les jeunes générations l’orientation sexuelle est considérée d’une façon de plus en plus changeante et indéterminée, mais cela ne signifie pas du tout que la nature humaine puisse se transformer d’hétérosexuelle en bisexuelle, comme certains le soutiennent. Ce qui définit la naturalité de quelque chose n’est pas la fréquence statistique, mais la conformité à son projet. En termes aristotéliciens en effet, la nature est le principe inhérent aux choses, qui guide leur passage de la puissance à l’acte. Au-delà de cela, sur la base de mon expérience clinique, je suis convaincu que la nature a sa force, et qu’elle ne s’exprime pas seulement quand des obstacles empêchent son accomplissement ; je suis donc optimiste sur le fait que la confusion sur l’orientation sexuelle, si elle peut encore augmenter, ne pourra jamais devenir prédominante.
Certains considèrent que la théorie du genre transforme de façon définitive la culture occidentale. Etes-vous d’accord ?
Absolument. Il s’agit avant tout d’une attitude de rébellion à l’égard de la réalité qui ne peut qu’augmenter la souffrance et l’angoisse de l’homme. Deuxièmement, c’est une vision qui change radicalement la nature des liens relationnels (qui sont fondamentaux dans le processus de formation de l’identité) : la relation, même sexuelle, n’est plus l’accomplissement d’un projet, de la nature humaine au niveau le plus profond (comme l’a montré l’enseignement de Jean-Paul II sur la sexualité humaine), mais devient une question de choix, d’idéologie, déracinée du niveau biologique, et même variable dans le temps. Enfin, comme c’est le destin de toute idéologie, la théorie du genre aussi se transforme presque en une dictature, qui limite la liberté de pensée et d’expression et discrimine ceux qui n’adhèrent pas à cette vision de l’homme. (D.Q.) (Agence Fides 20/12/2007; lignes 41, mots 595)


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