AMERIQUE / HAITI - Urgence humanitaire à Haïti : « 260.000 personnes ont besoin de nourriture, dont 80.000 enfants ». Le témoignage dramatique de M. Carlo Maria Zorzi, représentant à Haïti de l’AVSI

mercredi, 18 février 2004

Port-au-Prince (Agence Fides) - Sur les événements dramatique de Haïti, l’agence Fides a reçu le témoignage de M. Carlo Maria Zorzi, représentant à Haïti de l’Association des Volontaires pour le Service International (AVSI). Voici ce témoignage :

« La première urgence humanitaire s’est manifestée à Haïti une semaine tout juste après les premières attaques armées dans le nord du Pays qui est resté isolé et que l’on ne peut atteindre. Il y aurait en effet 260.000 personnes qui ont besoin de nourriture, dont 80.000 enfants. Il s’agit de personnes qui étaient déjà en crise sur le problème de l’alimentation, avant même que n’éclate la guérilla qui n’a fait qu’aggraver leur situation : la sécheresse dans plusieurs régions et paradoxalement les inondations dans d’autres régions ont fait du nord de Haïti un véritable enfer. Pour le moment, personne n’est encore parvenu à se rendre là-bas ; le PAM a demandé les mesures nécessaires de sécurité pour pouvoir accéder au nord et mener à bien sa tâche de distribution de nourriture. Le Comité International de la Croix-Rouge n’a pas encore pu entrer dans les localités de Gonaives et de Saint Marc qui restent les deux foyers de la révolte, même si Saint Marc est retournée aux mains de la police. Les N.U. ont instauré la phase 4 (évacuation de tout le personnel expatrié) pour la ville de Gonaives qui reste aux mains des rebelles ; la phase 3 (évacuation du personnel non indispensable et les familles) pour tout le Département de l’Artibonite. Le reste du pays, y compris la Capitale, reste en phase 2 d’alerte maximale. Cap Haïtien et toute la région est sans électricité depuis désormais plusieurs jours et sans carburant. Les écoles, les banques, et les commerces sont fermés. Le carburant manque aussi à Les Cayes, dans le sud du pays, même s’il n’a pas encore été touché par la vague de violences. Ce matin, des barricades sur les principales routes empêchaient l’accès des autos à la Capitale, ce qui a provoqué un trafic intense qui a tout bloqué pendant la matinée entière. Les communications routières et téléphoniques sont interrompues avec le nord du pays. L’urgence sanitaire pourrait se profiler dans les prochaines heures, car les hôpitaux ne sont plus en mesure de fonctionner, et parce que le personnel ne peut s’y rendre. On attend ce soir le résultat des rencontres de Washington entre la CARICOM et les fonctionnaires de l’administration américaine et canadienne, qui seraient de l’avis d’envoyer une police internationale afin de rétablir l’ordre dans le pays. Le parti du Président Aristide a donné son accord à cette proposition, qui est refusée en revanche par l’Opposition parce qu’elle renforcerait le pouvoir. A la base de Guantanamo, à Cuba, les Etats-Unis ont préparé 50.000 places pour accueillir d’éventuels réfugiés venus de Haïti. (L.M.)
(Agence Fides, 18 février 2004, 37 lignes, 496 mots)


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