AFRIQUE/GUINEE - La Guinée paralysée par la grève générale qui s’est étendue au secteur minier

Conakry (Agence Fides)- La protestation populaire s’élargit en Guinée pour demander la démission du Président Lansana Conté. La grève générale, qui depuis des jours paralyse le pays, s’est étendue au secteur minier vital. Les salariés de la compagnie d’extraction de la bauxite ont en effet adhéré à la grève, empêchant les exportations du minéral, d’où l’on tirait l’aluminium, d’une importance fondamentale pour l’industrie aérospatiale mondiale.
La grève générale a été proclamée il y a une semaine pour protester contre l’augmentation des prix des produits de première nécessité et des carburants, et surtout pour contraindre le président âgé et malade à présenter sa démission et à nommer un gouvernement d’unité nationale. Lundi 15 janvier les leaders de la protestation ont envoyé au Président Conté une lettre dans laquelle ils donnent les motifs de leur demande de démission, permettant au chef de l’Etat de se retirer dans une vie privée « pour pouvoir mieux se soigner ».
Les tensions des jours derniers ont débouché sur des affrontements entre les manifestants et la police dans la capitale Conakry. Au moins une centaine de personnes ont été arrêtées par les forces de l’ordre qui affirment que les manifestants auraient assailli plusieurs commerces et mis le feu à des pneus et à des ordures à travers les rues de la capitale. La grève en cours, d’une durée illimitée, est la troisième grève générale en un an.
Maintenant que la protestation s’est étendue au secteur de l’extraction de la bauxite la tension risque de monter davantage et d’impliquer aussi les intérêts des groupes industriels étrangers qui contrôlent la production et la commercialisation de l’aluminium.
L’actuel chef d’Etat a pris le pouvoir en 1984 par un coup d’Etat, après la mort du premier président de la Guinée indépendante, Sekou Touré. Depuis 1993, il a réintroduit, au moins formellement, la démocratie et le multipartisme. Cette année-là en effet ont eut lieu les élections présidentielles et Conté fut élu Président, étant ensuite confirmé dans sa charge par deux autres élections. Sa politique est définie par les critiques et par ses opposants comme « confuse et extravagante », avec de fréquents remaniements ministériels. Souffrant depuis longtemps de diabète, il effectue de fréquents voyages à l’étranger pour se soigner. La plupart des observateurs sont préoccupés par le fait que, vu qu’il n’a pas préparé sa succession, une disparition improvisée du chef d’Etat risque de jeter la Guinée dans le chaos et de déchaîner une lutte implacable parmi son entourage.
La Guinée est considérée parmi les pays les plus pauvres du monde : au moins 40 pour cent de la population vit sous le seuil de pauvreté, le revenu pro capite est de 430 dollars par an à peine et l’accès à l’eau et à la lumière n’est pas non plus garanti dans la capitale Conakry. (L.M.) (Agence Fides 17/1/2007 lignes 37 mots 442)