Kinshasa (Agence Fides) – Un appel aux fidèles à ne pas céder à la panique et un appel pressant aux autorités de l'État à prendre leurs responsabilités pour garantir la sécurité des Congolais. C'est ainsi que la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) a réagi au massacre perpétré dans l'église paroissiale Beata Anuarite dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 juillet à Komanda, dans le diocèse de Bunia (province d'Ituri, dans l'est de la République démocratique du Congo). Une semaine auparavant, dans la même province, l'église Giovanni da Capistrano de Lopa avait été profanée (voir Fides 23/7/2025).
Après avoir condamné le massacre qui a fait au moins 30 morts et une dizaine de blessés, et après avoir exprimé leurs condoléances aux victimes, les évêques congolais affirment que « notre indignation est d'autant plus grande que ce énième massacre a eu lieu dans l'une des provinces où l'état d'urgence a été instauré depuis longtemps, renforcé par la mise en commun des forces de l'armée nationale congolaise (FARDC), de l'Ouganda (UPDF) avec la présence pluridécennale de la Mission des Nations Unies pour le Maintien de al Paix (MONUSCO)». En mai 2021, l'état de siège a en effet été imposé en Ituri et dans le Nord-Kivu afin de permettre à l'armée de vaincre les différents groupes armés qui sèment la mort et la destruction dans les deux provinces depuis des années (voir Fides 7/5/2021).
« c'est paradoxalement dans ces Provinces que nous assistons continuellement aux massacres et enlèvement des personnes humaines.
», souligne la CENCO dans la déclaration parvenue à l'Agence Fides. « Il est surprenant qu'après tant d'années de gravissimes tueries, les autorités compétentes en matière de sécurité ne parviennent toujours pas à identifier réellement les assaillants », affirment les évêques congolais, laissant entendre qu'au-delà des sigles sous lesquels se présentent les auteurs des massacres, il existe des intérêts inavouables. « Ces tueurs en série, ont-ils un cahier de charge ?Aqui profitent ces crimes perpétrés depuis plusieurs années sur des paisibles citoyens ? », s'interrogent les évêques.
L'attaque contre l'église Beata Anuarite a été revendiquée par les Forces démocratiques alliées (ADF), un groupe originaire d'Ouganda, qui s'est installé depuis des décennies dans l'est de la RDC, en particulier dans le Nord-Kivu. En 2019, l'ADF a adhéré à l'État islamique (sur la genèse et les transformations de cette formation, voir Fides 24/6/2023), accentuant son profil « djihadiste ». C'est précisément sur les réseaux sociaux de l'État islamique que la revendication du massacre de Komanda a été publiée. Pour aider l'armée congolaise à lutter contre les guérilleros de l'ADF, les militaires ougandais sont intervenus en Ituri, dont le territoire est riche en ressources, à commencer par l'or, exploité par des centaines de mines artisanales qui échappent au contrôle des autorités congolaises. La profanation de l'église de Lopa avait quant à elle été attribuée à un groupe armé non djihadiste, le CODECO, soutenu par l'armée congolaise (voir Fides 23/7/2025, sur l'origine du CODECO, voir Fides 25/9/2024).
Les évêques insistent enfin sur la nécessité de relancer l'initiative conjointe de la CENCO-ECC (Église du Christ au Congo, voir Fides 13/2/2025), estimant qu'elle pourrait contribuer à endiguer la spirale de violence dans la région. (LM) (Agence Fides 29/7/2025)