AFRIQUE/GHANA - Les évêques expriment leur inquiétude suite à la destitution de la présidente de la Cour suprême

jeudi, 24 juillet 2025 evêques   justice   elections  

Accra (Agence Fides) – « La destitution de la Présidente de la Cour suprême en exercice est une question d’importance nationale majeure ». C’est ainsi que la Conférence épiscopale du Ghana prend position sur la décision de destituer la Présidente de la Cour suprême du Ghana (« Chief of Justice ») Gertrude Araba Esaaba Sackey Torkornoo.
La destitution de la présidente de la Cour suprême, affirme le communiqué signé par Mgr Matthew Kwasi Gyamfi, évêque de Sunyani et président de la Conférence épiscopale du Ghana, « est un processus qui doit être scrupuleusement guidé par les principes constitutionnels, par une équité absolue des procédures et par un respect clair du principe de la séparation des pouvoirs ».
La haute magistrate a été suspendue de ses fonctions le 22 avril par le président John Mahama, sur la base de trois pétitions dont le contenu n'a pas été divulgué. C'est la première fois en 68 ans d'histoire du Ghana depuis son indépendance qu'un juge en chef en exercice fait l'objet d'une procédure de destitution, ce qui a suscité un vaste débat politique et juridique, notamment sur l'équilibre délicat entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire, comme l'ont également souligné les évêques dans leur message.
Torkornoo s'est opposée à la décision du chef de l'État, mais sa demande de suspension de la procédure devant la commission d'enquête a été rejetée par la Cour suprême en mai 2025 pour des raisons de procédure.
Face à ce qu'elle considère comme un déni de justice et une atteinte continue à sa réputation, Torkornoo s'est désormais tournée vers la Cour de justice de la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO, en anglais ; avec siège à Abuja, au Nigeria, la Cour est compétente pour connaître des violations des droits de l'homme commises par les États membres, dont le Ghana.
La juge destituée demande au tribunal régional que le gouvernement ghanéen lui verse une indemnité de 10 millions de dollars pour le préjudice subi.
Le cas de la juge Torkornoo n'est toutefois pas un cas isolé, mais un signal d'alarme sur l'état de la démocratie au Ghana, comme le soulignent les évêques dans leur déclaration du 22 juillet, dans laquelle ils rappellent les violences qui ont marqué, le 11 juillet, la répétition des élections parlementaires dans la circonscription électorale d'Ablekuma North. « Nous condamnons sans équivoque toute forme de violence électorale, en particulier la brutalité à l'égard des citoyens, y compris les journalistes », affirment les évêques, qui demandent une enquête approfondie sur ces incidents. (LM) (Agence Fides 24/7/2025)


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