ASIE/MYANMAR - Crise humanitaire et nouvelle loi restrictive pour l'aide des ONG

mardi, 6 décembre 2022 droits fondamentaux   aides humanitaires   onu   guerre civile   evacués  

Ocha

Yangon (Agence Fides) - La crise unitaire frappe le Myanmar. Plus de 1,4 million de personnes sont déplacées à travers le pays en raison du conflit civil en cours. Des affrontements armés, aggravés par des mesures de sécurité strictes, des restrictions d'accès et des menaces à l'encontre des travailleurs humanitaires, continuent d'entraver les opérations humanitaires à travers le Myanmar, indique le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).
Selon les sources de Fides, il y a plusieurs régions du pays où les combats se déroulent avec une grande souffrance des civils. Les organisations humanitaires espèrent notamment qu'un accord de cessez-le-feu informel entre l'armée d'Arakan et les forces armées du Myanmar permettra d'apporter l'aide nécessaire dans les États de Rakhine et de Chin, dont l'accès est restreint depuis septembre. Les travailleurs humanitaires s'inquiètent de la nouvelle loi sur l'enregistrement des ONG, très restrictive, adoptée récemment, qui aura un impact négatif sur les personnes déplacées. La "loi sur l'enregistrement des organisations", en vigueur depuis fin novembre, restreint la manière dont les associations locales peuvent travailler avec des partenaires internationaux. De nombreuses ONG locales ne s'enregistreront pas, car elles ne veulent pas conférer ainsi une sorte de légitimité à la junte militaire. Le fait de ne pas se faire enregistrer les empêche toutefois de mener des actions humanitaires et est passible d'une peine de prison pouvant aller jusqu'à cinq ans et d'une amende de près de 2 500 euros. Étant donné que les agences internationales dépendent des ONG locales pour une grande partie de leurs interventions et de leurs projets, il sera beaucoup plus difficile de fournir une aide humanitaire de manière indépendante. La junte militaire dispose déjà d'une longue liste de groupes de la société civile définis comme "terroristes" et pourrait l'étendre davantage afin d'étouffer le flux d'aide internationale.
Pendant ce temps, " l'inflation des prix des produits de base, y compris pour la nourriture et le carburant, exacerbe le stress socio-économique des communautés, tant dans les zones reculées que dans la ville ", notent les sources de Fides au Myanmar. "L'aide humanitaire en cours aujourd'hui est largement insuffisante", notent-ils, car elle est conditionnée à la cessation des hostilités entre l'armée qui affronte à la fois les milices ethniques et les Forces de défense du peuple (PDF), nées à la suite du coup d'État de février 2021. "Les attaques fréquentes et aveugles, y compris les frappes aériennes et les frappes d'artillerie dans les zones civiles, causent des pertes et une peur généralisée parmi les civils. Les déplacements continuent d'augmenter ", affirment certains religieux contactés par Fides.
Selon les données de l'ONU, on estime que 31 000 biens civils, tels que des maisons, des églises, des monastères et des écoles, ont été détruits en un an et demi de conflit, bien que les chiffres soient difficiles à vérifier. Le niveau de destruction des biens civils, en particulier des maisons, combiné à la détérioration de la situation sécuritaire, ne fait que prolonger le déplacement de milliers de personnes.
"Les souffrances sont exacerbées par les restrictions sévères de l'accès humanitaire, même dans les zones de crise grave ou pour les opérations de sauvetage. A la fin du mois de septembre, les Nations Unies, les ONG et les partenaires locaux, en dépit d'un environnement opérationnel tendu et d'un financement limité, ont réussi à atteindre près de 3,9 millions de personnes à travers le Myanmar, en se concentrant sur les zones difficiles à atteindre", indique OCHA. Dans le nouveau cadre législatif, cette assistance sera fortement pénalisée et, dans de nombreux cas, ne sera plus possible, ce qui aura de graves répercussions sur les groupes les plus défavorisés et vulnérables.
(PA) (Agence Fides 6/12/2022)


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