ASIE/IRAQ - Le Patriarche chaldéen Sako : les chrétiens irakiens sont de vrais patriotes, ils ne sont pas une "minorité" d'"infidèles"

lundi, 6 juin 2022 proche-orient   eglises orientales   islam   discrimination   citoyenneté   minorités religieuses  

Bagdad (Agence Fides) - Les chrétiens irakiens représentent une communauté indigène, présente sur la terre de Mésopotamie bien avant la naissance de l'Islam. Avec dévouement et créativité, ils ont contribué de manière décisive à la civilisation originale développée dans la région, et c'est une offense à l'humanité et aussi à l'intelligence que la définition qui les qualifie d'"infidèles" et de "polythéistes", une définition que l'on retrouve également dans les textes et les plateformes numériques de l'Éducation nationale. C'est ce qu'a souligné le Cardinal irakien Louis Raphael Sako dans une vaste analyse portant sur les problèmes et les opportunités qui caractérisent la vie quotidienne des communautés chrétiennes irakiennes dans la phase historique actuelle.
La vaste analyse, transmise à l'Agence Fides, est proposée par le Patriarche comme une contribution pour entamer un débat avec les représentants des autres structures ecclésiales locales, en vue d'une éventuelle conférence consacrée aux urgences qui pèsent sur la vie des communautés chrétiennes du Moyen-Orient et mettent en péril leur présence millénaire dans cette région du monde.
Dans sa contribution, le Patriarche rappelle notamment que "depuis la chute du régime précédent en avril 2003, la vie politique normale en Irak n'a pas encore vu le jour, étant donné les échecs continus des gouvernements à réaliser ce dont le peuple a besoin". Le Primat de l'Eglise chaldéenne critique également le fait que la Constitution ne cite que l'Islam comme source de législation, fournissant ainsi la base légale pour des pratiques politiques et sociales qui finissent inévitablement par discriminer les chrétiens et les membres d'autres communautés de foi en tant que "citoyens de seconde classe".
La mentalité qui vise à imposer une religion aux consciences", souligne le Cardinal Sako, "n'est pas propice au respect, à la coexistence et à la tolérance". Le patriarche reconnaît que dans le passé, même le christianisme a payé le prix d'une telle mentalité, ajoutant qu'aujourd'hui, tout discours qui incite à la discrimination, à l'exclusion et à la haine entre les citoyens pour des raisons de sectarisme religieux, "devrait être légalement condamné". À cet égard, le Patriarche critique également la conception qui identifie les différentes communautés religieuses comme des "composantes" distinctes de la société irakienne, une conception qui "nourrit les identités tribales et sectaires et ne contribue pas à l'établissement d'un État-nation moderne", fondé sur les principes de citoyenneté et d'égalité des droits. "Les chrétiens", insiste le Patriarche Sako, "sont des Irakiens de souche et non une communauté venue d'un autre pays". Ils sont le peuple de ce pays, il n'est donc pas acceptable de les qualifier de "minorité".
Le Patriarche réserve ses critiques radicales aux "partis chrétiens", ces petits acronymes politiques irakiens créés par des chrétiens individuels et des groupes baptisés qui aspirent à se présenter comme des projections politiques des communautés chrétiennes locales. "Ces partis, écrit le Cardinal Sako, ne servent qu'à fomenter les nationalismes régionaux. En conséquence, ils n'ont pas réussi, ni au centre ni dans les différentes zones régionales, à jouer un véritable rôle d'instruments pour favoriser la cohésion entre les différents groupes chrétiens et trouver un nom unifié sur lequel converger, en jouant comme une seule équipe au service du bien des chrétiens et du pays tout entier".
(GV) (Agence Fides 6/6/2022)


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