ASIE/LIBAN - Élections, Père Zgheib : personne n'a vraiment gagné, personne n'a vraiment perdu. Il est temps de rechercher un Grand Compromis

mercredi, 18 mai 2022 proche-orient   eglises orientales   politique   géopolitique   chiites   sunnites   elections  

Beyrouth (Agence Fides) - Les sondages des élections législatives libanaises, qui se sont tenues dimanche 15 mai, révèlent un tableau politique au risque de la paralysie, marqué à la fois par la fragmentation des acronymes politiques et par la polarisation des axes potentiels des alliances opposées.
La coalition politique qui a prévalu lors de la précédente assemblée parlementaire et déterminé les derniers arrangements gouvernementaux, formée par le parti chiite pro-iranien Hezbollah et ses alliés, perd sa majorité parlementaire, mais la perte de sièges est modérée et ne suggère pas un possible renversement du cadre politique. La répartition des sièges entre les différentes forces ne semble pas encore définie avec certitude, mais il est certain que le Hezbollah et ses partis alliés ne contrôlent plus les 70 sièges sur 128 sur lesquels ils pouvaient compter dans le précédent parlement. Le Hezbollah et son principal allié, le parti chiite Amal, dirigé par le président de l'Assemblée parlementaire Nabih Berri - gardent le contrôle de leurs bastions. Parmi les partis dits chrétiens, le Courant patriotique libre, fondé par le président Michel Aoun et allié au Hezbollah, perd quelques sièges, passant de 20 à 18, tandis que les Forces libanaises de Samir Geagea, soutenues par l'Arabie saoudite et les pays occidentaux, contrôlent au moins 18 sièges dans le nouveau Parlement (contre les 14 obtenus lors de la précédente élection). Même dans ce cas, le transfert de sièges parlementaires du Courant patriotique libre aux Forces libanaises ne semble pas suffisant pour provoquer un renversement total des positions de force entre les camps et les orientations qui déterminent la politique libanaise. Quant au camp sunnite, le Courant du Futur, dirigé par Saad Hariri, a boycotté les élections, affaiblissant la représentation parlementaire des forces qui, par le passé, s'étaient positionnées de manière antagoniste au Hezbollah et à ses alliés.
Dans la nouvelle assemblée parlementaire, l'élément le plus nouveau est l'arrivée au parlement de 13 représentants liés à des acronymes et des groupes qui font référence de diverses manières au mouvement de protestation populaire qui a émergé en 2019 à la suite de l'effondrement bancaire, et qui avait alors pris la direction d'une protestation globale contre toutes les forces politiques traditionnelles de l'establishment libanais. Mais les représentants des "forces du changement" ne sont pas arrivés aux élections dans un ordre particulier, et leur fragmentation pourrait affaiblir l'impact de leur affirmation électorale dans la chambre parlementaire. "Face à un tableau aussi incertain, reconnaît le prêtre maronite Rouphael Zgheib, directeur national des Œuvres Pontificales Missionnaires, il est encore trop tôt pour se risquer à des prédictions sur l'avenir politique du pays. Mais il semble clair une fois de plus que, si l'on veut éviter l'impasse, il faut reconnaître que l'identité du Liban se caractérise par le fait qu'il s'agit d'un pays carrefour, où différentes composantes sont appelées à former une mosaïque de coexistence. Personne ne peut penser diriger le Liban en exerçant une prédominance qui met hors-jeu ses antagonistes politiques. La sortie de crise est celle d'un haut compromis politique, et aussi géopolitique, qui prend acte de la gravité de la situation et compose les intérêts et les exigences des forces individuelles au profit du bien commun".
(GV) (Agence Fides 18/5/2022)


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