Bagdad (Agence Fides) - L'utilisation de l'arabe dans les liturgies de l'Église chaldéenne n'est pas une trahison de la Tradition, et répond à la vocation missionnaire d'annoncer le salut du Christ aux hommes et aux femmes du temps présent. Avec ces arguments, le Patriarcat chaldéen répond aux critiques formulées par certains milieux de la diaspora chaldéenne à l'encontre de la mise à jour liturgique initiée par le Patriarche Louis Raphaël Sako et les évêques chaldéens, qui a également conduit à la publication d'une version arabe du Missel.
Dans une note publiée par ses canaux médiatiques, le Patriarcat chaldéen souligne que la mise à jour liturgique constante, selon les besoins des temps, a toujours caractérisé le chemin de l'Église catholique, et a également été proposée de manière autoritaire par les enseignements du Concile Vatican II. Mais certains "super chaldéens" - explique la note patriarcale, mettant en cause par cette expression ironique les critiques des récentes réformes - "ne se rendent pas compte que le monde a changé, que de nombreux chaldéens eux-mêmes ne connaissent pas le syriaque ou le chaldéen", et que de nombreux non-chrétiens (dont un nombre croissant de musulmans) s'intéressent aux liturgies de l'Église chaldéenne, "et ont le droit de comprendre ce qu'ils entendent".
L'autorité ecclésiastique - rassure la note du Patriarcat chaldéen - sait faire la distinction entre les données essentielles originales de la liturgie chaldéenne et les éléments artificiels qui ont été ajoutés au cours de l'histoire. Et le critère suivi est toujours celui de communiquer aux gens la richesse du patrimoine liturgique dans un langage qui puisse être compris par eux. Alors que parfois, ceux qui s'opposent à toute actualisation des formes liturgiques n'ont aucune familiarité authentique avec l'origine des rites, la théologie qu'ils expriment et le riche trésor qu'ils représentent pour la sanctification et le salut des âmes.
Dans un passé récent, comme l'a rapporté l'Agence Fides (voir Fides 15/10/2021), le Patriarche Sako avait déjà articulé l'esprit et les raisons qui l'ont conduit, lui et les évêques chaldéens, à entamer le processus de mise à jour de la liturgie célébrée par leur Église. La liturgie - avait souligné le cardinal irakien dans son discours - n'est pas "la représentation d'un spectacle", mais est "l'expression la plus forte de la foi vivante de l'Église", l'œuvre du Christ lui-même qui, à travers elle, "nous appelle à nous insérer dans son Mystère pascal". C'est précisément la nature intime de l'action liturgique, a souligné le Patriarche, qui suggère les critères élémentaires de tout renouvellement authentique des pratiques liturgiques. Une "mise à jour" qui ne peut se faire qu'en restant dans le cadre de la Tradition, qui n'est jamais une "nostalgie du passé", mais qui "fait avancer" l'Église sur son chemin dans l'histoire.
Comme le suggérait le grand théologien Jean Corbon, passionné par le christianisme oriental et les Églises arabes, dans chaque authentique renouveau liturgique réalisé dans le sillage de la Tradition, on retrouve et on répète " le mystère de la source : elle est toujours la même, mais l'eau vive qui en jaillit est toujours nouvelle ". (GV) (Agence Fides 25/1/2022)