ASIE/PAKISTAN - Le projet de loi visant à protéger les femmes est rejeté : campagne de protestation des chrétiens

mardi, 9 novembre 2021 droits fondamentaux   liberté religieuse   minorités religieuses   conversion  

Karachi (Agence Fides) - " Nous devons tous être unis pour défendre et promouvoir la proposition de loi visant à protéger les femmes des minorités religieuses contre les conversions forcées. Non seulement nous voulons que cette proposition devienne une loi, mais nous voulons aussi qu'elle soit mise en œuvre. Rejeter le projet de loi qui vise à mettre fin aux conversions forcées est contraire aux droits de l'homme. Ce rejet a blessé nos sentiments, en particulier ceux des femmes appartenant aux minorités religieuses du Pakistan. Il est de la responsabilité de l'État d'assurer la protection de ses citoyens, en particulier des femmes et des enfants, au milieu des dangers qui menacent leur vie et leur tranquillité d'esprit ", déclare à l'Agence Fides Tabassum Yousaf, avocate catholique de Karachi, active dans la campagne de protestation après le rejet du projet de loi qui visait à protéger les femmes les plus vulnérables et exposées au phénomène du kidnapping et de la conversion forcée (voir Fides 14/10/2021).
Tabassum Yousaf, qui a participé ces derniers jours à la manifestation avec d'autres citoyens au Karachi Press Club, a déclaré à Fides : " Il existe déjà la "loi sur le mariage des enfants" qui interdit le mariage des enfants de moins de 18 ans, mais lorsqu'une jeune fille mineure appartenant à des communautés religieuses minoritaires (chrétiennes ou hindoues) est enlevée et convertie de force et forcée d'épouser un homme deux ou trois fois plus âgé qu'elle, cette loi est ignorée. C'est un signe clair qu'il n'y a pas d'application correcte de la loi lorsqu'il s'agit de femmes non-musulmanes. Il y a une application sélective de la loi. Il s'agit d'une grave discrimination".
Le chrétien Shabir Shafaqat, président du Christian National Party, qui a mené la manifestation au Karachi Press Club contre le rejet du projet de loi, déclare à Fides : " Nous nous battons pour nos droits fondamentaux, nous lançons un appel au Premier ministre, au pouvoir judiciaire et au chef de l'armée pakistanaise, pour assurer la protection de nos femmes contre les enlèvements pour conversions et mariages forcés ". Il note que "les chrétiens et les hindous se sentent en insécurité en raison de l'augmentation rapide des enlèvements pour mariages forcés et conversions forcées d'adolescentes appartenant à des minorités religieuses au Pakistan. L'intervention de l'État est nécessaire".
Divers groupes de défense des droits des minorités ont annoncé de nouvelles manifestations pacifiques dans plusieurs villes du Pakistan le 13 novembre 2021.
La Commission parlementaire sur les conversions forcées a rejeté le projet de loi préparé par le ministère des droits de l'homme et a qualifié ce projet de "non islamique" le mois dernier, le 13 octobre 2021.
L'article 3 du projet de loi stipule que tout non-musulman, pour se convertir à une autre religion, doit demander un "certificat de conversion" au juge de première instance dans la région où il réside habituellement ou exerce ses activités. Le juge doit fixer la date de l'entretien dans un délai de sept jours à compter de la réception de la demande et, à la date indiquée, du personnel doit être présent pour s'assurer que la conversion religieuse a lieu librement, sans contrainte et sans tromperie ni déclaration frauduleuse.
L'article précise également que, à la demande du citoyen non-musulman, le juge peut organiser des rencontres avec des érudits ou des chefs religieux de la religion à laquelle la personne souhaite se convertir. Le juge peut accorder une période de 90 jours pour entreprendre une étude comparative des religions. Enfin, le citoyen non-musulman est réputé avoir officiellement changé de religion sur la base du "certificat de conversion" délivré par le juge.
L'article 4 du projet de loi, qui interdit la conversion forcée, dispose que "quiconque, par la force criminelle, convertit une personne à une autre religion commet le délit de conversion forcée et est passible d'une peine d'emprisonnement de cinq ans au minimum et de dix ans au maximum et d'une amende d'au moins 100 000 roupies pakistanaises". En outre, toute personne qui commet, conduit, dirige, célèbre ou facilite de quelque manière que ce soit un mariage en sachant que l'une des parties ou les deux sont victimes de conversion forcée, est punie d'une peine d'emprisonnement d'au moins trois ans et d'une amende de 100 000 roupies pakistanaises.
L'article 6 du projet de loi stipule que nul ne peut changer de religion avant d'avoir atteint l'âge adulte. Si un mineur déclare avoir changé de religion avant d'atteindre l'âge de la majorité, cette déclaration n'est pas considérée comme valide.
(AG-PA) (Agence Fides 9/11/2021)


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