ASIE/BANGLADESH - Violence et intimidation d'un journaliste catholique enquêtant sur une affaire de corruption

jeudi, 23 septembre 2021 moyens de communication de masse   tribalisme   minorités religieuses   minorités ethniques   droits fondamentaux  

Tangail (Agence Fides) - Un journaliste catholique de l'ethnie Garo, Prince Edward Mangsang, a été agressé et sévèrement battu, accusé d'avoir détruit des biens d'une valeur de 45 000 taka bangladais (environ 450 euros). Dans un acte grave de violence privée, l'homme a été attaché à un arbre sur une place publique et battu par le musulman Abdur Rahim Ahmed, président du Conseil de l'Union d'Aronkhola, un organe gouvernemental de la zone de Madhupur, qui fait partie du district de Tangail, une ville située au nord de Dhaka. Certains ont même publié la photo du journaliste battu et torturé sur les médias sociaux. La police locale, alertée, est intervenue pour le sauver du lynchage et l'a placé en détention. Comme l'a appris Fides, Edward Mangsang est un journaliste travaillant pour le portail d'information bangladais www.aswabi.com qui publie principalement des nouvelles locales de Tangail.
Ahmed a intenté un procès contre Mangsang, l'accusant à tort d'avoir agressé son chauffeur et sa femme de chambre, d'avoir volé 20 000 taka bangladais et d'avoir détruit des biens dans sa maison d'une valeur de 25 000 taka.
Le journaliste nie toutes les accusations et est soutenu par des organisations chrétiennes et de la société civile de la région. Ces dernières semaines, Shamol Mankhin, Secrétaire de l'association de jeunes "Abima Garo", a organisé une chaîne humaine pour protester contre la violence injuste dont sont victimes les journalistes de l'ethnie Garo, les personnes tribales marginalisées et les victimes d'abus. Mankhin a déclaré à Fides que l'incident constitue une violation des droits de l'homme et une intimidation manifeste : " Edward Mangsang, dans le cadre de son travail d'investigation, enquêtait sur des affaires impliquant Abdur Rahim Ahmed dans des cas de corruption. C'est pourquoi les poursuites judiciaires, qui sont complètement fabriquées, sont destinées à l'intimider ; les accusations portées contre lui sont fausses et servent à détourner l'attention de la vérité".
Mangsang, qui a été libéré sous caution il y a quelques jours, a déclaré à Fides : "Les Garo, un groupe tribal et aussi une communauté religieuse minoritaire, en tant que chrétiens, sont souvent victimes de musulmans qui abusent de leur pouvoir. D'autres journalistes musulmans ont également dénoncé la corruption présumée d'Abdur Rahim Ahmed, mais ce dernier m'a ciblé et attaqué, pensant qu'il pouvait rester impuni".
En fait, Ahmed n'a pas envoyé au portail web une réponse écrite niant les accusations, mais a intenté un procès avec de fausses accusations contre le journaliste catholique : "Ahmed est dans l'œil du cyclone parce que, grâce à des projets gouvernementaux, il a augmenté ses biens personnels. De cette façon, il a voulu se venger", note le Mangsang.
Abdur Rahim Ahmed a également lancé une campagne de dénigrement contre les tribus Garo, affirmant qu'elles ont répandu de fausses nouvelles à son sujet et incité à la haine contre elles : "Je veux dire : apportez les preuves de ma corruption et je démissionnerai du poste de gouverneur", a-t-il déclaré. La police de Madhupur enquête sur cette affaire. Rezaul Karim, officier enquêteur au poste de police de Madhupur, déclare à Fides : " Mangsang a déjà été libéré sous caution. Nous enquêtons sur les accusations portées contre lui et sur les implications de l'affaire. Si Mangsang est innocent, il obtiendra justice".
(FC) (Agence Fides 23/9/2021)


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