AMÉRIQUE/EL SALVADOR - "La démocratie est en soins intensifs" pour le Cardinal Rosa Chávez

mardi, 7 septembre 2021 politique   démocratie   evêques  

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San Salvador (Agence Fides) - " La démocratie au Salvador est en soins intensifs " : c'est l'expression utilisée par le Cardinal Gregorio Rosa Chávez, auxiliaire de San Salvador, pour faire la comparaison avec une maladie mortelle qui entraîne le patient dans la " phase finale ". Néanmoins, le Cardinal estime qu'il y a encore un espoir que le gouvernement rectifie son comportement et que la communauté internationale puisse accompagner le pays pour sauver la démocratie. "Le monde nous a accompagnés dans le processus de paix et maintenant il va nous accompagner dans un processus pour sauver la démocratie, la démocratie authentique", a-t-il expliqué aux médias dimanche dernier, le 5 septembre. Selon les informations recueillies par l'Agence Fides, nous apprenons que la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême de justice (CSJ) du Salvador a rendu, vendredi 3 septembre, une décision qui permet à l'actuel président de concourir pour une réélection immédiate, de sorte que Nayib Bukele pourrait se présenter pour un second mandat en 2024.
Dans le jugement, les magistrats ont ordonné au Tribunal Suprême Electoral (TSE) de permettre "à une personne qui exerce la fonction de Président de la République et qui n'était pas Président dans la période immédiatement précédente, de participer à la compétition électorale pour la deuxième fois". Ainsi, si Bukele avait été président pendant la période 2014-2019, il ne pourrait pas se représenter pour la période de cinq ans 2024-2029.
Les juges, nommés le 1er mai après que le Congrès a limogé les magistrats constitutionnels dans le cadre d'un processus largement critiqué, ont ensuite annulé une décision de 2014 qui interdisait la réélection présidentielle dans les 10 années suivant la fin du mandat. La Constitution salvadorienne indique qu'un candidat à la présidence ne peut se présenter aux élections s'il a occupé un poste "pendant plus de six mois, consécutifs ou non, au cours de la période immédiatement précédente".
Cette décision a suscité l'inquiétude de larges secteurs de la société salvadorienne, rejoints par le cardinal Rosa Chavez, pour qui deux termes ont perdu leur sens et leur force à l'heure actuelle : "État de droit" et "procédure régulière". "Nous partageons le point de vue selon lequel nous devons respecter la Constitution qui ne permet pas une réélection immédiate, mais que s'est-il passé ?" a commenté le cardinal. "L'État de droit et les procédures régulières ont-ils été érodés ? S'ils ne sont pas réparés, des choses pires peuvent arriver à l'avenir, cela vaut la peine de tout voir avec clarté, avec un sens du patriotisme et avec responsabilité", a-t-il recommandé.
"Désormais, personne ne peut être sûr d'obtenir une véritable justice", a spéculé Rosa Chávez, commentant la révocation de dizaines de juges, ordonnée par l'exécutif et approuvée par le collège officiel, qui établit la mise à la retraite obligatoire de tous les juges âgés de plus de 60 ans ou ayant travaillé 30 ans dans le secteur judiciaire, sous prétexte que cette mesure combat la corruption. Le Cardinal a également regretté que les dernières mesures prises par le gouvernement contre l'État de droit et les violations de la Constitution aient été perpétrées au cours du mois où le Salvador célèbre les 200 ans de son indépendance nationale. "Nous sommes dans le mois de la Patrie, le mois de l'indépendance, un mois de joie dans le pays ; nous devrions être joyeux, jubilatoires et excités, mais au lieu de cela, aujourd'hui, nous sommes inquiets", a-t-il conclu. (CE) (Agence Fides 07/09/2021)


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