AFRIQUE/R.D.CONGO - "C'est ainsi que vous récompensez les criminels" : le prix du prix Nobel Mukwegue proteste contre la nomination d'un ancien rebelle

mardi, 17 août 2021 crimes de guerre  

Kinshasa (Agence Fides) - " Pourquoi récompenser ainsi les criminels ? "c'est ainsi que le Dr Denis Mukwegue réagit à la nomination d'un ancien chef rebelle proche du M23, Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi, comme coordinateur du programme de désarmement, démobilisation, relèvement et stabilisation des communautés (DDRCS), lancé par le président congolais Félix Tshisekedi pour le prix Nobel de la paix.
"Cette stratégie encourage tous les autres criminels qui sont encore dans la forêt à continuer à tuer, violer, détruire parce qu'ils savent qu'un jour la stratégie de destruction les amènera au pouvoir ou les conduira à occuper des postes dans l'administration, l'armée, la police, etc.", explique le prix Nobel de la paix 2018. "C'est une façon de perpétuer la souffrance de la population. Si les rebelles se rendaient compte que décapiter des enfants, mutiler des femmes et tuer des hommes ne les conduira jamais à occuper des postes de pouvoir dans l'administration, je pense que cela contribuerait à décourager la commission de ces actes barbares qui se produisent sur ce territoire depuis des décennies. Si les gens ont l'impression qu'ils finiront par être récompensés pour les dommages qu'ils causent à la population, pourquoi voulez-vous qu'ils s'arrêtent ? souligne le Dr Mukwegue, qui appelle plutôt à s'appuyer sur les nombreux Congolais qui souhaitent réellement la paix "si vous voulez vraiment éradiquer les groupes armés qui règnent sur l'est du pays depuis 25 ans".
Ancien membre du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD), Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi a été nommé le 6 août par le président congolais Félix Tshisekedi coordinateur du programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement et Stabilisation des Communautés (DDRCS).
Emmanuel Tommy Tambwe Ushindi a pris en 2012 la tête d'un mouvement proche de la rébellion du M23, l'Alliance pour la libération de l'Est du Congo, accusée par Amnesty International, de crimes au Sud-Kivu, dont le recrutement forcé d'enfants. (L.M.) (Agence Fides 17/8/2021)


Partager: